Le dramatique fiasco de la classe politique ne se limite pas, loin de là, aux seuls socialistes, même s’ils font encore pire que les autres et conjuguent à l’échec une insupportable tartufferie. Le déclin est une constante depuis une quarantaine d’années. La politique ne parvient pas à régler les problèmes des Français, notamment le chômage, de 3,4 millions à 6 millions de sans emplois, l’insécurité, l’autorité de l’Etat, l’Education. D’où l’abstention massive aux élections et la poussée du vote protestataire, le rejet du politique par 78% de l’opinion (sondage CEVIPOF). Or il n’y a pas de fatalité quand on voit l’exemple de l’Allemagne ou du Royaume-Uni. Changer les institutions ne réglera pas tout car le mal est plus profond, ancré dans la société française, mais au moins donnera un signal: tout commence par la tête. Il ne faut pas créer une Sixième République: modifier tous les demi siècle en moyenne le numéro de la République est une pratique ridicule aux yeux des autres pays. Mais changer les institutions par une réforme profonde de la Vème République, pour revenir à ses fondamentaux est évidemment indispensable et doit être la première tâche de la future majorité. Il faut en finir avec le délire présidentialiste qui rend fou les politicards français, de l’extrême droite à l’extrême gauche, un peu comme les moucherons dans la lumière d’un phare. Le chef de l’Etat doit être élu pour 7 ans, non renouvelables, s’engager à rompre tout lien partisan, se mettre au service de la France en faisant abstraction de toute attache idéologique, partisane, exercer un rôle d’arbitre, de guide de la Nation, de référence, incarner l’unité nationale, dans la discrétion et la modestie. Il faut impérativement en finir avec la présidence touche-à-tout, politisée et surmédiatisée qui aboutit à faire de l’Elysée le défouloir de la France entière, surtout si le chef de l’Etat n’est pas à la hauteur de la fonction, ni moralement, ni politiquement. La personnalisation excessive du pouvoir autour du chef de l’Etat est une folie qui conduit le pays à la catastrophe. Le Premier ministre, sous le contrôle du Parlement, donc avec possibilité d’être renversé en cas d’échec, doit redevenir comme le prévoient les articles 20 et 21 de la Constitution, l’unique responsable du gouvernement du pays. De même, il est urgent de replacer le Parlement au centre de la légitimité démocratique face au Conseil constitutionnel qui aujourd’hui détient l’essentiel du pouvoir normatif (une loi sur deux font l’objet d’une censure) alors qu’il n’est pas élu. Nous devons aussi faciliter l’usage du référendum, comme aux Etats-Unis, en Suisse, en Italie pour mettre fin au sentiment de fossé entre le peuple et les élites. En 2017, il n’y aura pas de tâche plus urgente que de refonder la République et la démocratie françaises.
Maxime TANDONNET