Un nouveau parc naturel marin dans le Bassin d’Arcachon

Dimanche 8 juin 2014, Ségolène Royal et Frédéric Cuvillier ont annoncé, à l’occasion de la Journée mondiale de l’océan, la création du parc naturel marin du Bassin d’Arcachon.

Cet évènement est une réelle opportunité pour le bassin d’Arcachon. Le parc, dans lequel l’ensemble des acteurs locaux seront représentés, proposera des mesures pour assurer la protection du bassin, tout en permettant le maintien ou le développement durable de ses activités économiques.

Une lagune à marée, façonnée par l’homme

Au creux du golfe de Gascogne, le bassin d’Arcachon constitue une lagune remarquable par ses paysages et son patrimoine naturel. Cette lagune à marée, l’une des rares d’Europe, est en perpétuel mouvement.

Les échanges avec l’océan, les cours d’eau douce et les déplacements de bancs de sables créent une mosaïque de paysages : delta de la Leyre, prés salés, vasières coquillères, chenaux, dunes battues, presqu’île du cap Ferret, îlots sableux dont le banc d’Arguin à l’entrée du bassin, vasières à zostères… Ces divers habitats assurent des fonctions écologiques essentielles : zones de reproduction, de nourricerie, de reposoir, productions biologiques, drainage des eaux, piège à sédiments, recyclage de la matière…

Vers le large, l’ouvert du bassin relie la lagune à l’océan. Véritable « corridor écologique », ce lieu de passage permet à des espèces océaniques comme le phytoplancton ou les juvéniles de soles d’entrer dans le bassin, et à d’autres espèces – telles les anguilles – de poursuivre leur cycle de vie en mer. Cet espace naturel remarquable abrite de nombreuses activités maritimes professionnelles et de loisirs.

Le bassin d’Arcachon est naturellement associé à l’huître : l’ostréiculture est la principale activité en termes d’emplois.

La pêche, professionnelle ou récréative principalement sole, seiche et bar), est une activité maritime importante. Des chalutiers, des fileyeurs et des « vedettes océan » travaillent sur le bassin et également à l’extérieur.

La plaisance ne cesse de se développer : Arcachon est devenu le second port de plaisance atlantique. On trouve sur cet espace relativement réduit plus de 12 000 navires, en grande majorité motorisés (ce qui est assez spécifique au bassin), d’une longueur moyenne de 6 à 8 mètres.

Un patrimoine culturel unique témoigne de cette identité maritime : pinasses, bacs à voile, cabanes ostréicoles, pitts à civelle…

A la population permanente, s’ajoute un nombre important de résidents secondaires, le bassin accueillant en outre 40 000 touristes par an. Ce phénomène a considérablement participé au développement de l’urbanisme.

Un patrimoine naturel exceptionnel…

  • Oiseaux : zone d’importance internationale pour les sternes caugek, les bécasseaux variables, les barges à queue noire et les gorges bleues…
  • 14 espèces de mammifères marins (dont marsouin, grand dauphin, phoque gris) et 4 espèces de tortues marines (dont tortue caouanne, tortue luth).

… mais fragile !

  • L’herbier à zostères (Zostera noltii), habitat privilégié de l’hippocampe, était le plus étendu d’Europe fin 1990 : il recouvrait les 2/3 des vasières (70 km2). Depuis 2005, il ne cesse de régresser en surface et en densité.
  • Le recul de la dune du Pilat est de 1 à 5 m par an.

Quel périmètre ?

Le parc naturel marin du bassin d’Arcachon couvre 420 km² d’espace marin avec 127 km de
linéaires côtiers
. Ce périmètre permet de répondre au mieux aux enjeux naturels et humains, en prenant en compte l’ensemble des composantes physiques, biologiques, sociales et économiques.

Ses limites sont les suivantes :

  • La totalité du bassin est incluse dans le périmètre du Parc naturel marin.
  • Côté littoral océanique, les limites correspondent aux frontières administratives entre les communes de Lège-Cap Ferret et Le Porge, au nord, et entre les départements de la Gironde et des Landes, au sud.
  • Au large, vers l’ouest, le parc comprend l’ouvert du bassin et va jusqu’au trois milles nautiques.

Crédit image : Agence des aires marines protégées

Cette zone permettra au parc de mieux connaître les entrants chimiques et biologiques (alevins, efflorescences planctoniques…) dans le bassin. La limite des trois milles au large correspond à la limite de présence des déchets végétaux issus du bassin, observés dans les engins de pêche. Les limites du parc naturel marin à l’intérieur du bassin sont celles du domaine public maritime (DPM), à l’exception des Prés salés de la Teste de Buch qui en sont exclus.

Le bassin d’Arcachon fait partie du réseau Natura 2000, directive européenne de protection des espèces et habitats d’intérêt communautaire. Le parc naturel marin sera gestionnaire de ces sites Natura 2000, majoritairement inclus dans son périmètre. Deux réserves naturelles nationales sont incluses dans le périmètre du parc naturel marin : Banc d’Arguin et Prés salés d’Arès-Lège.

Quels objectifs ?

Le parc naturel marin fait écho aux attentes des habitants et des usagers du bassin d’Arcachon. Ses objectifs reflètent la volonté partagée par les acteurs locaux de forger un véritable outil de protection et de gestion du milieu marin dans le respect d’une identité maritime.

Ces objectifs sont définis dans 7 orientations de gestion présentées dans le décret de création du Parc :

  • Améliorer la connaissance de la dynamique du bassin et de son lien avec l’océan , notamment les transports hydro-sédimentaires et les échanges entre les écosystèmes ;
  • Préserver et restaurer la spécificité de la biodiversité lagunaire et l’attractivité du bassin et de son ouvert pour les oiseaux ;
  • Garantir le bon fonctionnement écologique des milieux, notamment des marais maritimes, par une exigence accrue pour la qualité des eaux et une gestion cohérente des richesses naturelles et des usages ;
  • Promouvoir et accompagner les filières professionnelles, notamment de la pêche et de la conchyliculture, pour préserver les emplois et valoriser les savoir-faire, dans une démarche respectueuse des équilibres naturels ;
  • Promouvoir des pratiques respectueuses du milieu marin dans les activités nautiques par l’adaptation des comportements et des aménagements et l’innovation technologique ;
  • Contribuer à la mise en valeur des patrimoines naturels, culturels et paysagers marins afin de conserver au territoire son identité maritime et la faire prendre en compte dans les projets de développement ;
  • Responsabiliser l’ensemble de la population en la sensibilisant aux impacts des usages sur les équilibres naturels marins du bassin et aux bénéfices qui résultent de ces équilibres pour sa qualité de vie.

Ces orientations de gestion seront déclinées dans un plan de gestion, feuille de route du parc à 15 ans, et se traduiront en actions de suivi du milieu marin, de contrôle, de soutien aux activités maritimes durables et de sensibilisation des usagers.

Une gestion assurée par des acteurs locaux

Le parc naturel marin du bassin d’Arcachon fait partie de l‘Agence des aires marines protégées, établissement public sous tutelle du ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. Il est géré par un conseil de gestion composé d’acteurs locaux, qui s’appuie sur une équipe d’agents et des moyens techniques et financiers mis à sa disposition par l’Agence des aires marines protégées.

Le conseil de gestion traite des sujets dans une vision transversale des écosystèmes et des usages. Il se réunit deux à trois fois par an. Il élit en son sein son président, des vice-présidents, son bureau et établit son règlement intérieur. Il prépare et suit le plan de gestion. Ce plan élaboré pour une durée de quinze ans détermine les mesures de connaissance, de protection, de mise en valeur et de développement durable à mettre en œuvre.

Le conseil de gestion du parc comprendra 56 membres, représentants toutes les parties prenantes de cet espace marin : les usagers professionnels (ostréiculteurs, pêcheurs, industries nautiques…), les usagers de loisirs (sports de glisse, voile, pêche…), les élus locaux (communes du bassin, région, département), les associations de protection de l’environnement et du patrimoine culturel, des personnes qualifiées et des représentants des services de l’État.

Crédits photo Une : Nicolas Tucat / Capa.

Author: Redaction