Je me répète beaucoup mais c’est le moment de le dire une fois de plus : dans la tradition politique française et comme dans toute démocratie moderne, le rôle du Premier ministre, chargé de gouverner le pays en s’appuyant sur une majorité est vital. La folie de ces 12 dernières années (depuis 2002) est d’avoir confondu le rôle du chef de l’Etat, en charge de la continuité, du long terme, de l’unité nationale, avec celui du chef de gouvernement, responsable de quotidien. Dans l’histoire de la Ve République, nous avons eu deux sortes de Premier ministre : de « confort » c’est-à-dire en positon d’allégeance au président (exemple M. Messmer, M. Bérégovoy, M. Raffarin), ou de « de combat », autonome et assumant ses responsabilités (Pompidou à partir de 1965, Chaban Delmas, Barre, Rocard). Il faut bien voir que ce sont les seconds qui ont laissé leur empreinte dans l’histoire. Comment un Premier ministre peut-il réussir aujourd’hui?
- En conciliant loyauté à l’égard de l’Elysée, c’est-à-dire en respectant la feuille de route du chef de l’Etat, et prise de responsabilité autonome dans le gouvernement du pays au quotidien.
- Choisir le pays contre le parti, rejeter tout sectarisme, entrer dans une logique de réconciliation et d’unité, sans se préoccuper au jour le jour des équilibres d’une majorité.
- Faire abstraction de toute ambition future, en étant heureux d’être Premier ministre, en appliquant une politique volontariste et en prenant tous les risques nécessaires pour le seul bien commun.
Sans a priori, nous saurons vite, dans les trois mois à venir, ce qu’il en est.
Maxime TANDONNET