Vers une crise majeure?

imagesCAFR7SMTL’affaire Léonarda prend tous les jours de l’ampleur et semble faire vaciller l’Etat sur ses bases: les médias et la presse sur-mobilisés,  des lycéens dans la rue, Matignon débordé, retour précipité des Antilles du ministre de l’Intérieur, l’Elysée en première ligne, intervention du chef de l’Etat. Que se passe-t-il? La guerre est déclarée? Attentat terroriste monstrueux? Non. Un fait ordinaire de la vie publique est à l’origine de psychodrame : la simple mise en œuvre du droit de l’entrée et du séjour. Chaque année, 30 000 reconduites à la frontières sont appliquées sous le contrôle méticuleux de la justice. Dans cette masse, malgré les précautions prises, si une ou deux erreurs de droit ou d’opportunité sont commises, elles sont d’habitude réparées sans que cela n’intéresse personne.  Et puis, il n’y a pas une once de générosité de la part des organisateurs de la secousse de ces derniers jours. S’ils étaient motivés par des convictions humanistes, ils parleraient de tout autre chose, par exemple de cette  flambée d’horreur en Centrafrique ou des femmes et des enfants sont en ce moment torturés et massacrés dans la plus grande indifférence. Nous avons en réalité affaire à une tentative d’exploitation de faux sentiments humanitaires destinée à déstabiliser l’Etat. Le but est largement atteint. Un non événement est en train d’ébranler le pouvoir politique, montrant que celui-ci a atteint un niveau d’extrême fragilité et précarité. L’affaiblissement de l’autorité de l’Etat, au sens fort, en est la cause profonde. Aucune solution politique ne se présente aujourd’hui. Nous sommes face à l’abîme de l’inconnu, sans doute à la veille d’une crise sociale et politique majeure que nul n’est prêt à affronter.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction