Une polémique étrange vient de marquer la pré-rentrée de fin août 2013 concernant le regroupement familial. L’immigration constitue un enjeu colossal pour la société française, mais justement, le regroupement familial n’est plus au cœur du problème. Sur environ 200 000 « premiers titres de séjour » délivrés, auxquels on peut ajouter 60 000 demandeurs d’asile, le regroupement familial n’en représente qu’une infime minorité : 15 000. Cette forme d’immigration consiste à autoriser un ressortissant étranger installé régulièrement en France à faire venir sa famille auprès de lui. Fondé sur le préambule constitutionnel de 1946 et sur la Convention européenne des droits de l’homme, le regroupement familial est particulièrement bien régulé et encadré grâce à la loi du 24 juillet 2006, adoptée à l’initiative de Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur. Cette grande loi prévoit notamment que pour être autorisé à faire venir sa famille, un étranger doit être parfaitement intégré (avis du maire de sa commune), disposer de ressources suffisantes d’un travail et d’un logement strictement adapté à la taille de cette famille. Cette loi, fustigée à l’époque par les socialistes qui la qualifiaient d’ignoble, de honteuse, l’accusant de « porter atteinte au droit à l’amour », fonctionne remarquablement. Le regroupement familial, il ne suffit pas d’en parler et de déclencher des petites polémiques. Il vaut mieux agir. Les grands flux vers notre pays proviennent d’autres formes d’immigration aujourd’hui : les études (60 000), les mariages avec des conjoints de nationalité française (50 000), l’asile (60 000), l’immigration illégale (indéterminée, mais se traduisant par au moins 30 000 régularisations par an). L’immigration, quand elle se réalise dans de parfaites conditions d’assimilation par le travail, l’école, le creuset français, est une excellente chose qui renforce la nation. En revanche, dans un pays en crise profonde, qui compte plus de 3 millions de chômeurs, le flux actuel est évidemment excessif. Il se traduit, sur le long terme, par des phénomènes d’exclusion, de ghettoïsation, de repli identitaire, de chaos urbain et de décomposition sociale, dont les migrants sont les premières victimes. N’importe quel responsable public pourvu d’un minimum de bon sens et de courage devrait en être conscient et placer ce sujet au centre de ses priorités. Hélas, le bon sens et le courage ne sont pas les vertus les plus répandues dans la vie publique actuelle. En tout cas, la récente polémique vient encore de le montrer: il est particulièrement grave qu’en France, on ne puisse pas évoquer la question de l’immigration sans susciter les passions, les insultes, les amalgames, les sur-exploitations politiciennes.
Maxime TANDONNET