Un sondage nous révèle que 68% des Français sont hostiles à une entrée en guerre contre la Syrie. "Le chef de l’Etat ne tiendra pas compte des sondages" rapporte le Figaro de ce matin. Nous ne voyons pas bien pourquoi ni comment la sensibilité populaire ne devrait pas être prise en compte. L’avis du peuple ne compte-t-il pas quand il est question de verser son sang – ou celui des siens engagés sous les drapeaux - et de dépenser l’argent de ses impôts? Deux ans avant la guerre de 1914-1918, le président Fallières – effacé mais d’une intelligence exceptionnelle – déclarait à l’un de ses proches: "Car plus j’y pense, plus je m’affermis dans cette idée: si le peuple français a conscience d’être attaqué, il marchera comme un seul homme. Il ne marchera jamais pour réparer les sottises de l’un de ses dirigeants." Nul d’entre nous n’est assez naïf pour penser que le peuple est infaillible, qu’il a toujours raison. Cependant, sa voix, sa sensibilité, son instinct sont parfois les repères les plus fiables dans l’incertitude et devant l’inconnu. Un conflit armé sans la compréhension et le soutien du peuple est le plus souvent voué à l’échec ou au désastre.
Maxime TANDONNET