Le 4 août 1914 marquait, un siècle auparavant, l’entrée de la France dans ce qui allait devenir la Grande Guerre ou la première guerre mondiale. Un discours du président de la République, Raymond Poincaré, prononcé à la Chambre des Députés et au Sénat par le président du Conseil, René Viviani, proclamait "l’union sacrée" pour la défense de la patrie. Cet évènement nous inspire les sentiments les plus contradictoires. Face à l’invasion préparée de longue date par l’état major militaire de Guillaume II et la déclaration de guerre allemande de la veille, la France qui avait multiplié les gestes d’apaisement – par exemple le retrait de ses forces à 20 kilomètres de la frontière – n’avait bien entendu plus d’autre choix que de défendre son territoire. Nous sommes éternellement redevables à nos grands ancêtres qui ont fait le sacrifice de leur vie. Mais en même temps, on se dit que rien dans l’histoire de l’humanité ne fut plus criminel que ce conflit à l’origine du massacre de la jeunesse européenne – 17 millions de morts, dont 1,5 million de Français, et autant de mutilés à vie -, l’effondrement de l’Europe, le point de départ d’un siècle de tragédies et de barbarie: le triomphe du marxisme léninisme, le fascisme et le national-socialisme, la deuxième guerre mondiale, les camps d’extermination… Lointain souvenir d’enfance, celui d’une très vieille tante unijambiste tout en bonté et générosité. Son histoire fait froid dans le dos. Après avoir perdu ses quatre frères et son fiancé dans cette abominable tragédie, elle avait tenté de mettre fin à jours en se jetant sous un train. Elle n’a pas réussi à trouver la mort mais elle y a perdu sa jambe. Attention: la cruauté de l’histoire et la folie humaine ne sont qu’un éternel recommencement.
Maxime TANDONNET