L’alternance en 2017 devrait être placée sous le signe de la lutte contre la grande fracture entre le peuple et la classe dirigeante ou « les élites ». Le sondage CEVIPOF de janvier 2015 souligne que 37% des Français éprouvent de la méfiance envers la politique et 31% du dégoût; 87% pensent que les politiques ne se préocupent pas de ce qu’ils pensent et 12% ont une image favorable des partis politiques. Nous assistons à une plongée de la vie politique dans une manipulation généralisée : accaparement de la vie médiatique par les hommes au pouvoir (apparition quotidienne du chef de l’Etat), tyrannie des postures, provocations destinées à faire parler de soi à tout prix, détournement de moyens publics à des fins personnelles, penchant des médias en faveur du pouvoir, etc. Le temps n’est plus aux révolutions mais au mépris envers cette dérive qui ne dupe plus personne. Ce climat de défiance généralisée est extrêmemement grave, source de morosité, de rejet de la vie publique, de repli sur soi. Il serait hautement souhaitable que l’Opposition place au premier rang de l’alternance, en 2017, la restauration de la confiance entre le peuple et la classe dirigeante en inscrivant douze mesures de bon sens à son programme:
– Aucun mandat politique ne peut être renouvelable consécutivement plus d’une fois; les passages d’une assemblée à l’autre (député/sénateur/député européen) à des fins de recyclage des vaincus seraient prohibés;
-Principe de la démission systématique de la fonction publique après 5 ans de mandat politique;
-Obligation pour le gouvernement de soumettre au moins une fois chaque année un projet de loi au référendum avec l’engagement de démissionner en cas d’échec.
-Toute utilisation de moyen de l’Etat à des fins personnelles et toute faveur ou intervention destinée à des proches serait sanctionnable pénalement, nonobstant les immunités;
-Impartialité des médias: principe d’égalité dans le temps de passage entre les partis politiques et les personnalités, plafond annuel du nombre d’heures d’apparition sur les chaînes publiques des hauts dirigeants en particulier du président de la République;
-Principe d’inégibilité définitive en cas de condamnation pénale;
-« Dévolution locale des pouvoirs », au-delà de la décentralisation: tout ce qui n’est pas du niveau de l’Etat central doit être transféré aux collectivités en particulier les régions et les communes pour être rapproché du citoyen (exemple du débat sur l’ouverture des magasins le dimanche, une question qui devrait incomber aux seules régions et aux communes);
-Strict plafonnement du montant total des indemnités, rémunérations, avantages en nature qui peuvent émaner d’une activité politique et qui ne doivent jamais dépasser une fois et demi le SMIC, suppression de tout avantage ou privilège lié à un mandat politique nationale (sur les régimes de retraite par exemple);
– Retour à l’obligation de se présenter à une élection partielle en cas de sortie du gouvernement (abrogée sous le précédent quinquennat).
-Principe d’indépendance du parquet dans les affaires concernant la vie politique (interdiction au Garde des Sceaux de procéder à toute instruction dans ce cas).
-Dans le fonctionnemment impartial de la police et de la justice, toute atteinte à la présomption d’innocence ou au secret de l’instruction lourdement sanctionnée par des peines de prison et une destitution dans le cas des fonctionnaires;
-Par regroupement de moyens et de commissions existant, création d’une haute autorité de la morale politique, chargée de filtrer les plaintes, de dénoncer et sanctionner les manquements à ces principes et de saisir la justice si nécessaire.
Peut-on imaginer qu’un candidat aux présidentielles s’engage dans cette voie? J’aimerais y croire, en tout cas, il est certain qu’il aurait ma voix!
Maxime TANDONNET