Encore peu connue, la maladie du sommeil de la carpe peut provoquer des hécatombes dans les étangs. L’Anses œuvre pour mieux connaître la maladie et améliorer le diagnostic du virus qui en est à l’origine.
Plusieurs tonnes de cadavres flottants dans un étang ou un lac. C’est la conséquence que peut avoir la maladie du sommeil des carpes. Provoquée par le virus de l’œdème de la carpe, la maladie n’affecte que les carpes, qu’elles soient d’ornement ou communes. Jusqu’à 80 % de la population d’un étang peut être anéantie par le virus. Détecté pour la première fois au Japon dans les années 70, le virus s’est depuis propagé à plusieurs continents. L’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) a récemment défini la maladie du sommeil des carpes comme une maladie émergente dont la présence doit obligatoirement être déclarée.
Elle est présente en France depuis une dizaine d’années et concerne des plans d’eau de toutes tailles partout sur le territoire. La maladie est plus fréquente à la fin de l’hiver, lorsque les eaux se réchauffent, mais des épisodes ont été observés toute l’année.
Il n’existe pas de traitement curatif de la maladie, il est donc important de la détecter pour mettre en place des mesures empêchant sa propagation, comme l’interdiction de la pêche et du transfert de poissons depuis les étangs contaminés. Pour permettre cette détection, l’unité Virologie, immunologie et écotoxicologie des poissons (VIMEP) du laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort de l’Anses a adapté un test PCR développé en Grande-Bretagne. Il l’a transféré à trois laboratoires départementaux d’analyses vétérinaires volontaires, qui réalisent les analyses en cas de suspicion de la maladie (voir encadré). Ces tests permettent de diagnostiquer la présence du virus, les symptômes de la maladie pouvant être confondus avec ceux d’autres maladies infectieuses.
À la recherche des facteurs favorisant la maladie
L’unité participe également, aux côtés d’une autre unité du laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort, l’unité Épidémiologie santé et bien-être (EPISABE), à un projet de recherche en cours, appelé CEVIRAL. Celui-ci est financé par les Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) et coordonné par l’institut technique des filières avicole, cunicole et piscicole (ITAVI). Il vise à mieux connaître la maladie, notamment les facteurs favorisant sa diffusion, comme la température de l’eau, et à retracer l’origine des contaminations. « Par exemple, nous avons pu montrer par séquençage de l’ADN viral que trois lacs dans le Tarn avaient été contaminés en 2022 par la même souche, suite à l’introduction de carpes provenant d’un même lot de poissons. », illustre l’un des auteurs de l’étude.