Les événements politiques de ces derniers jours ont accru le brouillard politique français à un niveau sidérant. Réécoutons le discours de politique générale du Premier ministre. Il est axé sur la baisse des charges sur les entreprises; les économies budgétaires et la régionalisation. Je ne dis pas que tout cela se traduira dans les faits, mais l’allocution elle-même est pleine d’enseignement. Elle n’a rien de socialiste ou plus généralement "de gauche". Un Premier ministre "de droite" aurait pu prononcer la même allocution, au mot près. Ainsi, la suppression des départements nous est annoncée. Avec eux, c’est un héritage majeur de la Révolution française, donc de gauche au sens historique, qui disparaîtrait. Quant aux grandes régions qui seraient mises en place, cette idée régionaliste est historiquement bien plus de droite que de gauche, renvoyant aux provinces de l’ancien régime et à un penseur que je ne citerai pas. En face, l’opposition ne donne aucun signe de réveil et de renouveau: vacarme dérisoire à l’Assemblée, reprise des hostilités Copé/Fillon sur fond de révélations sordides. Le choix des têtes de listes aux européennes, fondé sur le recasage de politiciens au rancard, parfois battus aux législatives nationales, dégage une sinistre odeur de moisissure. Enfin les supposés "antisystèmes" (fn et fdg) s’enfoncent dans leur délire commun antimondialiste et antilibéral, au rebours de tout réalisme et prise en compte de l’histoire. Bref, dans la sphère des idées, du discours, tout est brouillé, plus personne n’y comprend rien. D’ailleurs, en dehors de la tyrannie des postures et du carriérisme, il y a-t-il encore quelque chose à comprendre?
Maxime TANDONNET