Ces phrases, dites par le Père Joseph Wresinski, ne sont pas des ambitions et nous ne pouvons non plus prétendre atteindre tout ce qu’elles sous-tendent. Par contre elles sont là pour nous guider dans nos actions, et de fait pour le « Festival des Savoirs ». A Manille, avec différents membres d’ATD Quart Monde et des bénévoles, nous avons passé plusieurs semaines à préparer, nous réunir, rendre visite, inventer des activités manuelles, et finalement vivre le Festival des Savoirs avec les habitants de trois communautés dont les habitants sont en situation de grande pauvreté.
Si je devais garder une image, un souvenir en mémoire de cette année, je garderais celle-ci : un agent de police lisant avec un enfant. Le plus souvent, les expériences de ces enfants avec la police ne sont pas positives. Ils se retrouvent chassés des rues et des magasins, parce que d’une certaine manière leur présence est dérangeante aux yeux du reste de la société. Un certains nombres d’agents de police ne font pas cela avec grand plaisir non plus. Ainsi, offrir la possibilité à chacun d’eux de se rencontrer différemment, au travers d’ « expériences qui ne sont pas humiliantes, mais dont chacun peut être fier », est essentiel : Ainsi, un samedi, quatre agents de police, en uniforme, se sont assis sur une natte et ont lu avec les enfants. Ensuite, dans leur atelier, ils ont raconté une histoire, ont expliqué leur rôle de protection de la communauté, l’usage correct du sifflet, de l’arme, la signification de leurs badges. Au moment où il a commencé à pleuvoir, la plupart des enfants du groupe ne sont pas directement rentrés chez eux, mais ont continué à dessiner le logo de la police, tout en étant protégés par les nattes que les agents tenaient alors au-dessus de leurs têtes…
D’autres personnes ont participé à ce Festival, dont un steward, un infirmier, un docteur, un groupe d’étudiants passionnés de poésie, théâtre et danse. D’autres moments ont été vécus en musique, ou sous la forme d’un atelier d’ordinateur, de lectures d’histoires, de jeux et d’activités créatrices manuelles. Toutes ces personnes qui ont partagé une passion, et d’autres qui sont venues pour soutenir, ont toutes porté le même souhait de rencontrer des enfants, des jeunes, et des adultes qui vivent la réalité de l’extrême pauvreté. Elles sont venues avec l’envie de vivre ensemble une expérience positive. Parce que nous savons que le succès d’une activité ne se mesure pas à l’enseignement en tant que tel, mais avant tout à travers l’amour et le respect. C’est alors seulement que l’apprentissage peut se faire, par et pour tous ; une approche du partage.
Anne-Sylvie Laurent
Dans chaque lieu où je me suis rendue,
J’en suis revenue plus entière
Mon amour, mes pensées, mes opinions se sont approfondies
J’ai guidé et été guidée.
De jeunes mamans, avec leurs bébés, ayant soif de savoir
Les papas les rejoignant le dimanche.
Les vendeurs de rue ont aussi le droit de s’arrêter
Pour passer une journée en famille.
Apprendre ne doit pas être synonyme d’échec
Jeune ne signifie pas bandit, mais espoir et vitalité.
Alors que j’entre dans un monde peu familier mais fidèle,
Je peux avoir confiance d’être accueillie par ses membres.
Je n’ai pas vu que de la joie, mais de la poussière et des luttes,
De personnes qui meurent de vivre.
Ils ont augmentés ma connaissance
M’apportant de nouvelles réalisations.
Aller vers plutôt qu’attendre,
Créer des ponts entre différents horizons,
Et je réalise que je peux faire quelque chose
Pas seule, mais avec toi.
