Pour que les politiques et les programmes de lutte contre la pauvreté aboutissent, la contribution des personnes les plus concernées est nécessaire. Lors du séminaire du 22 janvier 2013 au Comité des régions à Bruxelles, des personnes ayant l’expérience de la grande pauvreté ont dialogué avec des responsables européens et ont fait des propositions concrètes au sujet du cadre de développement mondial pour l’après 2015. Les participants, qui venaient de Belgique, d’Espagne, de France, d’Haïti, de l’Île Maurice, des Philippines et de Pologne, ont expliqué au moyen d’exemples concrets et vécus que les politiques et les projets élaborés sans eux ne peuvent en aucun cas s’avérer durables.
Une représentante de la Commission européenne a reconnu que le savoir issu de l’expérience des plus défavorisés était essentiel et tout aussi important que le savoir universitaire. Des représentants de la Commission européenne (Direction générale Développement et coopération) et d’autres officiels ont pris note des contributions et des propositions des participants.
Marilou, des Philippines, a rapporté plusieurs exemples de relogement forcé. Après la destruction de son abri, elle a été relogée avec sa famille à plusieurs kilomètres de l’école de ses enfants et sans possibilité de travail. Après plusieurs semaines, la famille est retournée sur les lieux et a reconstruit un abri de fortune, afin que ses enfants n’aient pas à parcourir de longues distances tous les jours et que son mari trouve du travail. « Les ordres de démolition viennent de la mairie et le maire n’a jamais répondu à nos demandes de rendez-vous. Il ne s’agit pas de juste nous reloger. Nous n’aurions pas quitté notre nouveau logement s’il y avait eu à proximité une école, un hôpital, des possibilités de travail ou si nous avions reçu des bourses scolaires. » De plus, l’information sur le relogement devrait être disponible en tagalog, une langue régionale reconnue, et pas seulement en anglais.
En Belgique, une personne ayant la vie difficile a expliqué l’importance d’avoir un logement. Pour elle, c’est en effet « une sécurité, qui lui permet de faire des projets de formation, de trouver un travail durable et de reprendre son enfant placé en institution ». Le système « les piège dans la pauvreté » et « leurs luttes quotidiennes ne sont pas prises en compte ».
« Nous devons impérativement parler des valeurs dans les discussions sur le cadre de développement pour l’après 2015 » a déclaré Olivier Consolo, Directeur de Concord. « La solidarité est un point clé et les personnes elles-mêmes doivent être placées au cœur des politiques. » Comme l’a expliqué Roberto Bissio, de Social Watch, la richesse mondiale moyenne a plus que doublé depuis 2000. Les fonds nécessaires pour la protection et l’accès aux droits existent bel et bien.
Voici quelques propositions pour l’après 2015 formulées lors du séminaire :
- La pauvreté est un problème mondial et doit donc être examinée comme telle.
- Dans tous les projets de développement, les personnes concernées doivent être considérées comme des partenaires et non des bénéficiaires.
- Il est nécessaire de consulter les personnes concernées avant que les autorités n’élaborent un projet de développement.
Isabelle Pypaert Perrin, Déléguée générale d’ATD Quart-monde a ensuite demandé que les Principes directeurs sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme des Nations Unies servent de base pour le cadre de développement pour l’après 2015.
Le séminaire faisait partie d’un projet de recherche de trois ans mené par ATD Quart-monde pour évaluer les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) avec des personnes en situation d’extrême pauvreté. Le projet vise à promouvoir les savoirs et les expériences des personnes en situation d’extrême pauvreté pour le cadre de développement pour l’après 2015. Par la suite, des propositions de politiques seront formulées et transmises aux Nation Unies, lors d’un événement qui se tiendra en juin 2013 à New York.
Sur ce sujet, voir aussi l’article paru sur le site du Mouvement ATD Quart Monde en Belgique : Des militants du refus de la misère s’expriment au Comité des Régions
Pour connaitre le point de vue des participants de l’association belge LST sur leur participation à ce séminaire, cliquer ici