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Notre-Dame vogue vers 2024

Le compte à rebours est lancé. Le président Macron avait lui-même fixé le délai de reconstruction de Notre-Dame à cinq ans, au lendemain de l’incendie du 15 avril 2019, avant de confier le chantier de restauration au général d’armée Jean-Louis Georgelin, président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, qui a maintenu le cap. « Quand on fixe une mission, on fait tout pour la réussir. Je n’ai jamais douté que cela serait un combat, qu’il faudrait se battre. Mais nous sommes bien partis pour y parvenir : là où il y a une volonté, il y a un chemin », nous assure le militaire. Et c’est désormais les compagnons et artisans d’art qu’il souhaite à la fois valoriser et encourager.

Combien d’artisans mobilisés ? Plus de 500 travaillent chaque jour dans la cathédrale et près d’un millier à travers la France. Les travaux sont de toute nature, de la reconstruction des voûtes à la restauration intérieure des sculptures ou des décors peints, en passant par le remontage des vitraux et du grand orgue à présent restaurés, ou encore la construction de la charpente en chêne de la flèche, en Meurthe-et-Moselle. Ils font appel à des savoir-faire ancestraux comme à des techniques contemporaines. « Nous sommes tous fi ers et enthousiastes ; cela ne veut pas dire que c’est facile tous les jours mais c’est une aventure collective magnifique », glisse Philippe Jost, directeur général délégué de l’établissement public. Et le général Georgelin d’ajouter : « Non seulement laloi donne mission à l’établissement public de valoriser les métiers d’art et du patrimoine, mais nous voulions aussi rendre hommage à la qualité du travail des artisans, à la générosité des compagnons, et montrer au public, malgré la fermeture de la cathédrale aux visiteurs, l’avancement des travaux. »

Le général Georgelin n’a « jamais douté que la réouverture en 2024 serait un combat » mais il est en passe d’y arriver.

Voilà donc l’Espace Notre-Dame, un lieu de 300 mètres carrés sous le parvis de la cathédrale. Une “maison du chantier et des métiers” ouverte au public qui donne un aperçu de l’ensemble des travaux entrepris. Dès l’entrée, un film aide à comprendre l’histoire de la cathédrale et les besoins architecturaux de sa sécurisation et de sa restauration depuis l’incendie. Une maquette géante présente à la fois ce qu’on nomme la “forêt” de Notre-Dame, les voûtes, le beffroi nord, la flèche… et permet de situer les différents travaux.

Une tête d’ange retrouvée miraculeusement est exposée

Des vestiges de l’incendie, il en faut pour rappeler l’étendue des dégâts. Ici une pièce de bois brûlé issue de la charpente, là un morceau de toiture de plomb qui avait fondu sous la chaleur et un ornement de la flèche – une statue d’un grand duc – disparue dans l’incendie. La couverture, qui recouvre la charpente, sera reconstruite à l’identique, en plomb. Des vitrines montrent des vestiges ou éléments restaurés, en attente de leur retour dans la cathédrale.

Sur les quatre têtes d’ange qui ornaient l’oculus de la voûte de la croisée du transept, deux ont été miraculeusement retrouvées dans les décombres, après avoir chuté de 33 mètres. Une des deux est exposée. Cependant, elles étaient trop abîmées pour être replacées en l’état – les blocs de pierre dans lesquels ces têtes étaient taillées ayant une fonction structurelle. Les quatre têtes ont été refaites à l’identique, grâce à des tirages et des moulages élaborés à partir de photos et d’archives.​

Autre exemple présenté, un panneau du vitrail de sainte Geneviève, patronne de Paris, issu du cloître de la sacristie. Si l’ensemble des vitraux a été épargné par les flammes – de même que les peintures murales et le grand orgue -, ils étaient très encrassés avant l’incendie et ont subi une avalanche de poussière ; ils nécessitent un nettoyage approfondi. Les vitraux des 39 baies hautes de la nef, du chœur et du transept ont été déposés et ont été restaurés par neuf ateliers de maîtres verriers à travers la France et un en Allemagne.​

« On en a profité pour réparer les dommages antérieurs à l’incendie, dus aux effets du temps – certaines pièces de verre ont été remplacées, d’autres ont nécessité un recerclage en plomb, d’autres encore ont été recolorées pour jouer sur les ombres et les lumières » , explique un expert. Quant aux peintures murales, un chantier test mené sur deux chapelles – une aux murs peints, l’autre non -, à l’hiver 2020, lors de la phase de sécurisation, a permis de définir le protocole de nettoyage et de restauration, validé scientifiquement avant d’être appliqué aux intérieurs de l’édifice.

La Cour des comptes a donné quitus pour la qualité de la gestion

La valorisation de chaque corps de métier, voilà le fil rouge de cette maison du chantier et des métiers. « Mettre en valeur le savoir-faire mais aussi susciter des vocations », insiste le général. Si la main-d’œuvre ne manque pas à l’appel pour le chantier de Notre-Dame, l’établissement public souhaite bénéficier de l’extraordinaire intérêt qu’il génère auprès du grand public pour faire connaître les expertises indispensables à la renaissance de la cathédrale. « Nos appels d’offres ont obtenu les réponses nécessaires et les compétences sont au rende z-vous. Mais nous savons que les entreprises ont du mal à recruter. Ces métiers superbes ont besoin de se faire connaître pour attirer des vocations », abonde Philippe Jost. Non sans séduire dès le plus jeune âge. « Cet espace s’adresse aussi bien aux amoureux du patrimoine qu’aux scolaires. »

​Beaucoup réalisent l’ampleur des travaux effectués grâce à la générosité des donateurs. À elles seules, les trois premières fortunes françaises, les familles Arnault, Bettencourt et Pinault, ont donné environ 500 millions d’euros sur un total de 846 millions récoltés pour la restauration de Notre-Dame. Le général Georgelin peut être satisfait. L’automne dernier, la Cour des comptes a donné quitus à l’établissement pour la qualité de sa gestion. De l’aide financière, le diocèse en aura ensuite besoin pour l’aménagement intérieur. L’appel aux dons pour l’entretien du patrimoine religieux ne fait sans doute que commencer.

www.rebatirnotredamedeparis.fr

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Author: Valeurs Actuelles