La France est souvent encensée pour sa natalité forte parmi les pays européens. Et pourtant, la fécondité dans l’Hexagone ne cesse de baisser depuis plusieurs décennies. Une chute qui s’est accentuée depuis la crise de 2008, notamment en zone rurale, comme l’a révélé Marianne le samedi 4 février.
En 2022, 723 000 naissances ont eu lieu en France, soit le niveau le plus bas enregistré depuis 1946 juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un recul historique qui se reflète dans le taux de fécondité qui atteint tout juste 1,8 enfant par femme contre 2 enfants en 2014. Si l’on se concentre sur les femmes de moins de 40 ans, le taux de fécondité tombe à 1,65 enfant par femme, soit bien en dessous du taux nécessaire pour renouveler les générations.
Les classes moyennes rurales sont particulièrement touchées
Malgré cette tendance, des disparités géographiques émergent. Sur la période 2014-2019, le taux de natalité a baissé de 9,6 % dans les zones rurales, soit deux fois plus qu’en région parisienne. Une différence qui pourrait s’expliquer par la prévalence d’un fort taux de fécondité parmi les femmes immigrées avec 2,6 enfants par femme (chiffres de 2017), mais aussi, selon Marianne, par les difficultés économiques que rencontrent les classes moyennes et les populations rurales historiques. C’est, en effet, parmi ces segments de la population que la fécondité a le plus reculé (– 9,2 %) pour atteindre 1,57 enfant en moyenne sur la période 2014-2019.
Néanmoins, un nouveau phénomène pourrait pondérer, voire inverser la tendance. En effet, sur la période 2019-2021, le taux de fécondité même en zones rurales a augmenté de 3,8 %, un phénomène potentiellement lié à l’arrivée importante de citadins à la campagne. « Ceux qui quittaient autrefois le centre des villes pour faire des enfants vont sûrement de plus en plus loin des grandes métropoles, par exemple, vers le littoral atlantique » indique Laurent Toulemon, démographe et directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques (Ined) cité par Marianne.