Violente poussée de l’idiotie d’en haut

« 34% d’opinion favorable : Macron est très fort, il est en train de gagner le bras de fer avec les Gilets jaunes. » 

Cette déclaration publique est de l’un des commentateurs politiques les plus médiatisés à la radio et à la télévision. Il a même cette étonnante spécificité d’être réputé « de droite ». Si je l’ai relevée, c’est qu’elle exprime à elle seule toute la débâcle intellectuelle de la catégorie des faiseurs d’opinion. Cette star médiatique faisait référence à la remontée de l’occupant de l’Elysée dans les sondages d’opinion depuis janvier (+11%).

Or, un minimum de lucidité devrait conduire tout observateur à constater que non seulement le pouvoir a totalement cédé aux Gilets jaunes sur leur revendication initiale, la taxe carbone, après avoir longtemps exclu toute concession, mais qu’en outre il a lâché plusieurs milliards d’euros pour tenter d’éteindre l’incendie, renonçant au principe de rigueur budgétaire, un des fondements de sa politique. Gagné, le bras de fer contre les Gilets jaunes? Vraiment? La question méritait d’être posée…

Et puis, au moins s’interroger sur la nature de cette remontée dans les sondages: est-elle le fruit d’une hausse en profondeur de la confiance des Français, qui serait liée à une amélioration de la situation du chômage, de la dette publique, de la sécurité, de la maîtrise des frontières, du niveau scolaire, du pouvoir d’achat, de la pression fiscale, de l’image de la France dans le monde? Ou bien est-elle un simple effet mécanique d’un envahissement de l’espace médiatique (« grand débat ») qui ne semble guère avoir d’équivalent dans l’histoire des démocraties – et alors beaucoup plus fragile, sinon éphémère? La aussi, au moins se poser la question…

Enfin, last but not least, est-il vraiment de bon goût de jubiler ainsi, à l’image de la frange lèche-botte (restons polis) du pouvoir médiatique, d’une situation où le président de la République – dont la mission essentielle est d’incarner la Nation – suscite l’avis négatif des deux tiers de cette dernière (34-100= – 66%) ?

Idiotie toujours, effarante: l’arrivée des sondages pour les présidentielles, 2022 plus de trois ans à l’avance.Voilà qui est également sans précédent et témoigne d’un phénomène d’abrutissement consistant à noyer les vrais problèmes du pays, surtout l’impuissance à les résoudre, dans l’ivresse de la politique spectacle et du sensationnel.

Un point de rassurant quand même dans ces pronostics débiles: au regard de tous les précédents historiques (Chaban, Giscard (1981), Barre, Rocard, Balladur, Jospin, Ségolène, DSK, Juppé), jamais, jamais un second tour de présidentielle n’a ressemblé à ce qui était prévu et jamais un favori pour le « trône élyséen », deux ans à l’avance, n’a accompli la destinée promise par les sondeurs. Tel est l’un des fondements de la vie politique française. Alors, que dire de trois ans et plus… Comptons sur la force suprême de l’histoire et son caractère imprévisible  pour nous concocter un scénario, où l’un comme l’autre des deux favoris actuels, se retrouveront dans les choux!

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction