Un atroce génocide ignoré

n_people_ssConnaissez-vous l’endroit le plus perdu, le plus ignoré, le plus reculé, le plus oublié, de la planète? Moi, oui, j’y suis allé à l’âge de 25 ans… C’est le Sud Soudan, autour de Juba, une zone couverte de brousse, de jungle et de montagnes, quelque part au finfond de l’Afrique orientale, au carrefour du Soudan, de l’Ethiopie, de l’Ouganda, du Kenya, de la RDC. Composée d’une mosaïque de tribus,  sa population est anglophone, chrétienne et animiste. Les réserves de pétrole y sont gigantesques…  Un épouvantable génocide y sévit en ce moment, où des femmes et des enfants subissent les pires atrocités que l’imagination puisse concevoir. Cependant, la tuerie se développe dans la plus parfaite indifférence de la société internationale et de ses médias. La radio, la télévision, l’essentiel de la presse française remuent ciel et terre pour un adolescent blessé à Argenteuil par un « flash ball » le 14 juillet, mais gardent un silence terrifiant devant un massacre de masse, des milliers de personnes torturées à mort, d’une violence et d’une cruauté inouïes. Pourquoi? Je n’en sais rien… En principe, nous vivons dans un monde globalisé, qui se caractérise par la circulation en temps réel des images, des idées et des émotions et des sentiments. Notre époque est, normalement, ultrasensible à la vision de la souffrance et du sang. Elle est dominée par une sensibilité humanitaire à fleur de peau. Pourquoi le Sud Soudan, ne suscite donc qu’un vague mépris et une absence de compassion aussi flagrante? Où sont donc passées les grandes voix humanistes, les bonnes consciences professionnelles et autres défenseurs attitrés des droits de l’homme et du devoir d’ingérence? Tout se passe comme si cette souffrance africaine, ce réglement de compte entre Nuers et Dinka, ne disait rien à la mauvaise conscience historique occidentale. D’où cet aveuglement honteux, criminel. Le génocide du Sud-Soudan veut-il dire que les bons sentiments humanitaires, qui règnent sans partage sur le monde occidental, sont artificiels et sélectifs, comme si tous les hommes ne se valaient pas devant la souffrance et la mort?

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction