Triste routine

Nous finissons par en avoir l’habitude. En France, un président de la République est élu dans l’euphorie, nouveau sauveur providentiel attitré. Puis, dans la foulée, une assemblée nationale est élue à sa botte, parce que beaucoup de sottise fait croire qu’il est essentiel de « donner une majorité au président ». Pendant six mois, l’enthousiasme est de règle, Unes dithyrambiques de Paris-Match, etc, reportages qui magnifient le demi dieu que la France s’est donnée. Le Président se rend compte bien vite de son côté que la réalité est infiniment plus complexe que le monde virtuel qu’il a conçu pour faire rêver les Français. Donc, pour s’accrocher à l’image qu’il a inventée de lui-même, il communique, s’agite, gesticule devant les caméras de télévision à tout propos, lance de fausses réformes les plus tapageuses et les moins utiles que possibles. Les président ne sont pas tous les mêmes, et ils le font avec plus ou moins d’habileté. Mais le syndrome de la déconnexion, du président coupé des Français, s’installe. D’ailleurs, il n’a rien d’illusoire: l’orgueil élyséen, le sentiment d’avoir accompli un prodigieux exploit et d’être devenu le « premier Français » est une sorte d’ivresse qui par définition, coupe du sens des réalités et du ressenti populaire, engendre un dangereux sentiment d’invulnérabilité et de toute-puissance factice: tout est permis, tout est possible!   Or, le peuple n’est pas complètement dupe et les sondages s’effilochent, mois après mois, dès septembre. La France d’en haut, médiatico-politique, celle qui s’exprime, commence à s’ennuyer. Alors tombe, au bout d’un an environ, l’heure de l’inévitable « scandale d’Etat ». Après Cahuzac et « Léonarda » vient l’affaire Benalla. Nous le savions, nous l’attendions, pas forcément de ce côté-ci mais le scandale dit d’Etat devait venir. Mon but n’est pas de réduire les responsabilités individuelles: dans les choix, les comportements, elles sont évidemment réelles. Mais pour autant, la perfection n’existe pas et quels que soient le président et son entourage, dans ce système qui concentre toute l’essence du pouvoir dans une image présidentielle, le scandale d’Etat est inévitable, au bout d’un an, qu’il vienne d’ici ou d’ailleurs. Mélenchon, le Pen, Hamon, ou tout autre, y compris des LR, au bout d’un an, seraient plongés dans un autre scandale d’Etat. Et alors, un système entièrement fondé sur l’image présidentielle s’effondre: finie la confiance, l’envie, l’enthousiasme. Maintenant, il faut tenir les quatre années qui viennent, malgré le rejet viscéral de la nation, dans la seule espérance d’une réélection, à la faveur du déchirement du corps électoral et du chaos politique.  Et c’est ainsi que la France, dans tous les domaines (économie, emploi, social, autorité de l’Etat, niveau intellectuel), plonge de décennie en décennies. Par où commencer? Mais par une prise de conscience de chacun d’entre nous! Le régime politique français (pas seulement les institutions mais aussi la culture politique) est à bout de souffle et entraîne le pays comme un boulet par le fond.

Maxime TANDONNET

(J’écris dans des conditions difficiles sur le plan d’Internet, sur un rocher Atlantique mal connecté et je vous prie de m’excuser de ne pas pouvoir répondre systématiquement aux commentaires!)

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Author: Redaction