Stage entoilage AJBS 2010

Stage d’entoilage – AJBS

27-28-29 mars 2010, La Ferté Alais

ajbs8L’amicale Jean Baptiste Salis lieu bien connu de la conservation et de la restauration d’avions de collection volants se doit d’entretenir un certain savoir faire. Les métiers touchant à l’art de la restauration demandent une connaissance qui malheureusement échappe de plus en plus aux bénévoles constituants notre association. Il est à craindre que certaines activités doivent à l’avenir être sous traitées faisant le lit progressif d’une professionnalisation de cette merveilleuse activité qu’est l’aviation de collection.

Conscient de ce danger et répondant au souhait d’un groupe de bénévoles, l’AJBS n’a pas hésité à parrainer un stage d’entoilage, qui loin de faire de ces passionnés des entoileurs professionnels, leur a permis d’apprendre quelques techniques de base mais surtout d’entretenir le plaisir d’apprendre, d’entreprendre et de partager.

Quelques personnes de L’AJBS sont compétentes en matière d’entoilage et citer Gérard Marchadier parmi ceux-ci est une juste affirmation, cependant nous avons fait appel à la société DIATEX et son formateur Pascal Conchon pour leur aptitude à organiser ce type de stage de groupe.

Un stage débute par quelques préparatifs pouvant occuper quelques semaines. Ils se résument à passer de nombreux coups de fils, à trouver un local de travail adapté (éclairé, ventilé et chauffé et en air calme) et surtout à préparer les pièces à entoiler (merci à Baptiste Salis pour son aide précieuse).

Sept bénévoles vont bénéficier pendant trois jours de l’enseignement de Pascal Cochon sur les techniques d’entoilage et de lardage.

Généralités :

L’entoilage suit des règles assez précises en matière de réglementation surtout pour les avions en CDN ou par exemple le mixage des tissus est interdit. Les matières de toiles sont le plus souvent en polyester pour leur facilité de mise en usage, le coton et le lin d’application plus rigoureuse sont utilisés pour conserver l’authenticité de certains avions lors de leur restauration.

Nous avons utilisé des toiles de polyester Diatex de 1000 kg pour le marouflage, de la toile de 1500 kg et de 2000 kg pour les structures soumises à plus de contraintes.

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Les bandes crantées (polyester ou lin) se présentent sous différentes largeurs et sont utilisées pour renforcer certaines zones ou pour protéger un lardage par exemple.

La toile est appliquée puis collée sur son support (armature métallique ou bois) à l’aide d’une colle cellulosique.

Les colles, diluants et enduits de tension que nous utilisons ont l’inconvénient d’être des produits solvantés donc potentiellement toxiques et nécessitant quelques précautions comme le port de masque, de gants et le travail en milieu ventilé mais non turbulent.

Différents fabricants proposent des produits similaires, et l’on peut se fournir soit chez un distributeur de produits importés le plus généralement des E.U. (Spruce), de Belgique (Polyfiber) ou se fournir chez Diatex fabriquant français spécialiste du tissu technique.

Les Toiles :

Les avantages des tissus en polyester sont, leur capacité à se rétracter sous l’effet de la chaleur (thermo rétractable) facilitant la pose, leur durée de vie sans limite imposée et leur caractère imputrescible. Ils sont par contre sensibles à la chaleur et à la lumière (UV). La fibre Diatex est thermo fixée à 100°, lui conférant alors des qualités de stabilité, et peut être travaillée dans une plage supplémentaire de 80°. Les toiles Diatex présentent un marquage régulier et répétitif sur leur surface (toile certifiée) pouvant représenter un inconvénient si la toile est laissée transparente. Seule la toile 1000 kg n’est pas marquée. Les toiles sont présentées en rouleau de 195 cm mais aussi en bandes droites ou crantées de différentes largeurs (5, 7.5  ou 10 cm voire sur mesure).

Les accessoires :

Œillets : prévoir des orifices de ventilation et d’écoulement d’eau par un positionnement judicieux

Trappes de visite : penser à leur emplacement et intégration

Le lardage est appuyé sur des bandes Jaconas. Ces bandes sont aussi retrouvées pour stabiliser les nervures lors de l’entoilage afin de limiter les efforts de torsion mais qui ne jouent aucun rôle structurel (cas des ailes des avions Robin).

Le fil de lardage est une tresse plate en polyester.

Les enduits :

Les produits d’applications (enduit colle et enduit de tension, diluant) commercialisés par Diatex (qui ne les fabrique pas) ou autres fournisseurs, sont référencés ainsi :

– colle (1 ou 5 litres) : dope clear , E4038 (tous supports, conditionnée pour 4 ans)

– diluant (seul bidon carré) : thinner, E4930 (sans limite de temps d’utilisation)

– enduit de tension : tautening dope clear  E4034 ou aluminium E4731 (limité en théorie à 4 ans)

et un enduit aluminium de chez Diatex : Diaplan qui blanchit au séchage (impose l’utilisation de peinture Diatex).

Toujours s’assurer de la compatibilité des produits entre eux.

Les outils :

Une fois en possession des produits, il faut s’équiper en outils :

  • Tréteaux
  • Fer à repasser (ne pas dépasser 177°- 180°)
  • Thermomètre pour calibrer le fer
  • Eventuellement hygromètre
  • Cutter
  • Ciseaux droits et crantés
  • Réglette
  • Loupe
  • Pinceaux (standards de différentes largeurs)
  • Pots de verre
  • Rouleau et bac (application plus facile de l’enduit de tension)
  • Aiguilles droites et courbes à larder (se fournir chez un tapissier ou Diatex)
  • Chiffons
  • Pinces ou agrafes pour maintenir la toile

Réalisation :

Entoilage
1.Préparation des pièces : pièces métalliques dégraissées, séchées ; bois traité avant entoilage pour toutes les parties internes (vernis antifongique teinté), les parties bois encollées poncées et sans vernis, les arrêtes poncées pour adoucir les angles et permettre une fuite douce de la toile entre la structure et la surface libre
2.Application de deux couches de colle avec un temps de séchage à chaque couche (réveiller la colle au diluant si séchage supérieur à 12 heures)
3.Toile découpée en respectant le droit fil du tissu qui doit suivre en principe une ligne de structure (attention car la diagonale s’étire) puis positionnée sur la surface à entoiler en dépassant sur tout le pourtour de quelques centimètres
4.Immobilisation de la toile à l’aide de pinces à mords protégés, ou de punaises ou agrafes. Laisser un peu de mou dans la toile
5.Collage de la toile en réactivant la colle à l’aide d’un mélange colle diluant 50/50 et en laissant une garde non collée de 5 mm à proximité des zones qui seront thermo rétractées. Essuyer l’excédent de colle avec un chiffon non pelucheux
6.Séchage de une à deux heures
7.Refaire les mêmes opérations pour l’autre côté
8.Thermo rétraction sans dépasser 180°, idéalement 170° (à 180° rétraction trop forte et jaunissement, à 190° ramollissement et à 250° risque de combustion spontanée). Passer le fer (de préférence avec une semelle en fer pour l’inertie thermique) sur toute la surface entoilée de façon uniforme. A 160° – 170° le fer peut être repasser plusieurs fois au même endroit sans altération ou modification nouvelle de la fibre.

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Le Lardage
1.Le principe est de fixer la toile sur certaines structures de la pièce entoilée, par exemple sur l’extrados où les phénomènes de dépression peuvent arracher la toile. Mise en place des bandes jaconas sur les nervures, en intrados et en extrados puis utilisation d’une tresse plate qui sera passée d’une face à l’autre de la pièce entoilée à l’aide de longues aiguilles. La tresse réalisant une boucle autour de la section de nervure doit être arrêtée par un nœud avant de passer à la prochaine boucle. L’espacement entre chaque boucle est dépendante de la solidité de fixation que l’on souhaite obtenir entre la toile et la surface entoilée (exemple : l’intervalle moyen entre chaque nœud, dans le sillage de l’hélice, peut être de 70 mm pour des vitesses d’évolution allant jusqu’à 250 km/h et de 90 mm si hors sillage pour les mêmes vitesses).
2.Le nœud : plusieurs techniques existent mais nous n’avons travaillé qu’une seule combinaison. Le nœud est autobloquant et avant de serrer s’assurer de la bonne tension de la boucle précédente. Le nœud est arrêté en laissant quelques mm de tresse collés sur la toile (colle épaisse de fond de pot).
3.Conseils : Le lardage s’appuie sur des bandes de tissus appelées jaconas ou galon (entre 2 et 3 cm de largeur). Déployer les bandes autour de l’intrados et l’extrados puis les fixer par des pinces ou agrafes. Le lardage terminé on encollera la bande et la couture à l’aide de colle diluée à 50% pour faciliter la pénétration de la colle dans la bande.
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Les enduits, les bandes de renfort et les accessoires
1.Première passe d’enduit de tension (la plus difficile car c’est elle qui peut perler à travers la toile). Ne pas hésiter à déborder sur les zones encollées et couvrir les zones de lardage. Si l’enduit traverse la toile, « aspirer » immédiatement la goutte à l’aide d’un chiffon imbibé de diluant. L’application se fait en une passe sans croiser et reste légère. Ne pas revenir sur une zone fraîchement enduite au risque de générer des grumeaux.
2.Laisser sécher une heure, puis positionner les bandes de renforts. Au niveau du lardage repasser une large couche de colle, laisser sécher puis appliquer une dernière fois une couche de colle avant de poser la bande de renfort zigzag. Pour bien tirer sur la bande, il est conseillé de la fixer à son extrémité par un point de colle et de laisser sécher. Pour les zones différentes du lardage on encollera avant d’appliquer la bande puis sans attendre on pose la bande en tirant d’autant plus fort que la zone est courbe. Nouvelle couche de colle par-dessus la bande et troisième passage de colle diluée si la bande n’a pas bien absorbé la colle épaisse. Pour les courbes très prononcées, on peut utiliser une bande coupée en biais (la bande peut s’étirer) et non dans le droit fil. Une fois les bandes mises en place (sur le lardage, les zones de frottement et parties à renforcer) on s’occupera de positionner ensuite les œillets d’évacuation d’eau (parties déclives) et éventuelles trappes de visite.

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3.Application de la deuxième couche d’enduit, qui peut être réalisée au rouleau contrairement à la première couche faite au pinceau. Séchage.
4.Ponçage soigneux en évitant les zones lardées, les arrêtes vives et les raccordements bois toile.
5.Application de la troisième couche d’enduit incolore ou teinté aluminium.
6.Application de la peinture après préparation des surfaces (ponçage et éventuel masticage).

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Marouflage
1.La toile est ici appliquée sur une surface pleine généralement en bois. La surface traitée doit être bien préparée (dégraissée puis poncée finement et rendue propre).
2.Avant de poser la toile on appliquera deux couches de colle bien étalée en respectant à chaque application un temps de séchage et un ponçage soigneux.
3.On utilise de la toile fine (Diatex 1000 par exemple) directement posée sur la surface après avoir été taillée correctement en laissant une marge suffisante pour les retours sur les côtés.
4.La toile est collée avec une couche de colle de façon régulière et sans bulle. Les retours sont préparés et collés de la même manière. Les passages de la toile sur des angles prononcés sont facilités par l’usage du fer.

Ce fut une belle expérience.

Eric Bacheville

Cet article titré Stage entoilage AJBS 2010 est relayé par l’agence de presse Call Ways© pour AJBS.

Author: Redaction