Sombres pressentiments

sans-titreLa politique, au sens noble du terme, est un éternel combat entre le gouvernement des choses, du réel, et la fuite dans les limbes de la passion et du romantisme. Au service des réalités, elle s’emploie à assurer l’autorité de l’Etat, l’intégrité du territoire, la paix sociale, le rayonnement international, la puissance économique, le respect des libertés publiques, la production des richesses, les grands équilibres et la justice dans le partage des richesses. Cependant, en certaines périodes, elle bascule dans la convulsion, le passionnel et les bons ou mauvais sentiments. Elle perd pied et se confond avec de grands mouvement de l’âme, qui peuvent être aussi bien de haine que d’amour. Les anges et les démons sont de la même nature. Les nouveaux anges sont le reflet dans un miroir inversé des vieux démons. « Qui veut faire l’ange fait la bête » a écrit Pascal et Nietzsche, en d’autres termes: « Il y a une exubérance de la bonté qui a toute l’apparence de la méchanceté. » Le plus haut responsable européen, M. Junker, président de la Commission, en pleine crise migratoire, appelle les Européens « à prendre dans leurs bras » (sic) les nouveaux-arrivants. Mme Merkel, la chancelière d’Allemagne, se présente en Mère des huit-cents mille qui ont rejoint l’Allemagne et prône l’intolérance « à l’égard de ceux qui ne sont pas ouverts à l’accueil« . De fait, « l’Europe d’en haut »  est en train de créer, par son nouveau discours, les conditions d’un appel d’air vers le continent, un engrenage dont on ne voit pas, dans le chaos planétaire croissant, quelles peuvent être désormais les limites. Le double discours – bienvenue aux réfugiés mais pas aux migrants économiques – procède de l’hypocrisie dès lors que la distinction s’est plus ou moins effacée dans les faits et les frontières de l’Europe proclamées de facto ouvertes. Aujourd’hui, à chaud, l’Europe médiatique, politique, baigne dans l’aveuglement, l’euphorie naïve de l’émotion, des bons sentiments et de la conscience bienheureuse. Mais le réveil, à froid, s’annonce dramatique. Nous allons sans doute, à court ou moyen terme, vers  une poussée de la violence en Europe, de graves tensions et des basculements politiques dans l’inconnu y compris en Allemagne. L’Europe politique est en voie d’implosion. Le Royaume-Uni s’apprête à quitter l’Union. La Hongrie en est virtuellement sortie. Le Danemark suspend ses liaisons ferroviaires. Un vent de révolte souffle sur le continent contre la politique des « quotas » imposée par la super-puissance allemande. L’Europe du mal, l’Europe de la haine (raciste, totalitaire) et l’Europe de la bonté ont en commun la négation du monde historique, matériel, factuel, géopolitique, le monde des réalités. La passion mélangée à la politique, le cocktail de la passion et de la politique, est toujours la voie royale qui conduit à l’apocalypse.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction