Repenser le pouvoir politique

Au fond, nous ne vivons que dans l’enfumage médiatique: sondages, polémiques, scandales, lynchages, idolâtries… Le plus difficile est d’essayer de percevoir les événements dans la profondeur de leur signification, par-delà l’écume des choses. Cela n’intéresse absolument personne mais sans prétention, il faut tout de même s’y essayer. Depuis trente ans, le monde s’est transformé à une vitesse vertigineuse: les technologies, les idéologies, la réalité géopolitique. Mais notre vision du pouvoir est restée la même: un peuple/un chef. La déflagration des présidentielles à laquelle nous assistons est le signe de la désintégration du pouvoir politique dans ses formes classiques. Il se passe des choses stupéfiantes dans ces  élections. Elle sont le signe d’une immense lassitude et désenchantement: le taux d’abstention atteindrait 30%, le score potentiel des favoris avoisine 22 à 23%. Le mieux placé est l’expression même du vide absolu par son absence de toute vision historique. L’image médiatique et le talent du comédien triomphent. Malgré une vertigineuse surexposition médiatique un hallucinant matraquage qui depuis des années en font le vainqueur potentiel, la candidate d’extrême droite n’accomplit aucune percée, bien au contraire. Nous voyons en outre revenir au premier plan les vieux démons de l’idéologie marxiste léniniste que nous pensions disparus à jamais en raison des destructions et des abominations d’un siècle marqué par les ravages de cette idéologie. Quant au seul candidat qui aurait pu avoir une stature présidentielle, le voici plombé par une image honteuse dont on voit mal comment il parviendra à se défaire, même dans l’hypothèse de son élection.

Alors? C’est toute notre vision du pouvoir politique qui est en cause. Il n’y aura plus jamais dans le monde qui vient de chef de l’Etat tout puissant, ou donnant l’illusion de la toute puissance. Tout président de la République, dans le monde nouveau, deviendra une tête à claques et ce d’autant plus qu’il choisira de s’exposer médiatiquement. M. Hollande n’est pas un accident de l’histoire, il est une étape supplémentaire dans la déconfiture élyséenne. M. Macron, s’il est élu, dans les trois mois sera encore infiniment plus méprisé, détesté, maudit que M. Hollande. Les failles ou les zones troubles de son image dont le système se délectera bientôt, nous explosent déjà au visage. Je ne parle pas de ce qui se passerait dans l’hypothèse d’une élection de M. Mélenchon ou Mme le Pen… La notion de personnalisation du pouvoir est en train de mourir sous l’effet d’un monde nouveau: individu roi, fureur des réseaux sociaux, médiatisation à outrance, manipulation permanente, mépris pour l’image de l’autorité et pour la hiérarchie.

Il faut avoir la force et le courage d’accomplir notre révolution intellectuelle. Toute société a besoin d’autorité pour ne pas sombrer dans le chaos et la ruine. Cette autorité ne peut plus, ne doit plus s’attacher à une image individuelle, dans le monde nouveau. Elle ne peut être que collective, émaner d’un groupe d’hommes et de femmes partageant une même volonté, une même intelligence de l’histoire et surtout un même désintéressement personnel et attachement au bien commun. Ils existent, leur problème est de franchir le plafond de verre de l’indifférence et de s’imposer. Le collectif ne signifie pas l’anonymat bureaucratique. Le nom des responsables est connu et leur responsabilité devant la Nation (directe ou indirecte) est au cœur du dispositif. Dans ce contexte, le héros de l’histoire existera toujours: le visionnaire qui dit la vérité à un moment donné, et qui intervient dans une situation de chaos pour remettre, le temps nécessaire, la Nation sur le bon rail, sans avoir la moindre idée de s’incruster au sommet de l’Etat dès lors que le héros qui s’éternise au pouvoir sombre dans la déchéance. Que l’on m’excuse de vouloir prendre de la hauteur, ce n’est pas de la prétention, je dis simplement ce que je pense profondément.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction