« Marisol Touraine, sécurité sociale de Hollande » : article de Laure BRETTON dans Libération

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Laure BRETTON, journaliste à Libération, a publié un article consacré à Marisol TOURAINE.

Vous pouvez lire cet article ci-dessous ou sur le site de Libération en cliquant ici.

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La ministre des Affaires sociales, en fonction depuis quatre ans, porte sur ses épaules une bonne partie du bilan de gauche du quinquennat.

«Moi, je défends un projet pour la France !» Marisol Touraine a le chic pour réveiller un auditoire. Même socialiste, même déçu. Même assoupi au beau milieu d’un meeting de «Hé ho la gauche», la petite entreprise de fierté politique montée par Stéphane Le Foll pour redorer le bilan du gouvernement.

Fin avril à Paris, en première de cordée hollandaise, la ministre des Affaires sociales s’est attirée un tonnerre d’applaudissements en détournant l’anaphore présidentielle «Moi, président». «Avec lui, président», se lançait-elle pour égrener une à une les mesures sociales du quinquennat. Six semaines plus tard, rebelote, nouvelle anaphore. «Moi, femme de gauche, je…» scande la ministre, secouant la grosse centaine de militants réunie dans un gymnase de Fameck (Moselle). «Elle a envie de mouiller la chemise», sourit Le Foll en connaisseur. «Une partie de la campagne de 2017 se jouera sur son bilan», reconnaît le ministre de l’Agriculture, qui fait partie du premier cercle du chef de l’Etat. Estampillée strauss-kahnienne jusqu’en 2011, Marisol Touraine a gagné ses galons au sein de la hollandie au fil du quinquennat. Même si elle avait des fourmis dans les jambes lors du dernier remaniement en février, espérant un ministère régalien pour parfaire ses états de service, elle est l’une des très rares à ne jamais avoir changé de portefeuille depuis quatre ans.

Alors qu’elle respecte les formes institutionnelles et défend la solidarité gouvernementale face caméra, elle a décroché son téléphone en février pour dire en direct au Président tout le mal qu’elle pensait de la première version du projet de loi travail. Remanié, le texte lui «va» aujourd’hui, même si la méthode «droit dans ses bottes» du Premier ministre n’est pas sa tasse de thé. Ce qu’elle a dit à l’intéressé devant le reste du gouvernement lors d’un séminaire fin mai. «Je t’ai soutenue pourtant» , a cinglé Manuel Valls. Quand on lui demande le rôle que pourrait jouer Marisol Touraine en 2017, le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, répond par une question : «Quel autre ministre a le plus d’avancées sociales à son actif ?»

Après un quinquennat dominé par les mesures de fiscalité et de compétitivité, le retour de la retraite à 60 ans pour les carrières longues, l’instauration du tiers payant ou certaines décisions sur la contraception et l’avortement pèseront lourd dans la balance en 2017. Mais ce sont des avancées que l’on n’entend jamais dans la bouche des deux têtes de l’exécutif. Pour François Hollande, avoir un bilan social va de soi puisqu’il est… socialiste. Pas la peine de le défendre. Manuel Valls a, lui, construit son personnage politique sur le triptyque autorité, identité et sécurité. Leur silence laisse toute latitude à la ministre pour défendre son action sous couvert de jouer collectif. Si elle frise souvent la logorrhée technico-budgétaire quand elle est invitée sur un plateau de télé, sa mue est assez spectaculaire quand elle monte à la tribune. Marisol Touraine tonne et s’amuse de tonner.

Extraits : «Y en a marre de s’excuser des progrès que nous portons.» «Soyez fiers, arrêtez de militer en catimini», «nous pouvons réveiller la gauche pour la convaincre d’emmener la France plus loin sur le chemin de l’égalité». «Qu’autant de gniaque de gauche puisse sortir d’une nana tirée à quatre épingles en permanence, ça fait toujours son effet», confirme un proche de François Hollande.

Devant les militants, elle parle donc de «destin collectif», déroule sa gauche «réformiste et modernisatrice», promet d’allier maîtrise des déficits et création de nouveaux droits. Bref, «moi, je défends un projet pour la France». Sortant de son couloir, Marisol Touraine assure aussi qu’on «peut faire le ramadan ou porter un voile et être français et soutenir la République». «Nos concitoyens musulmans sont français. Nous les considérons comme tels, complètement et pleinement et nous devons le dire haut et fort.» Une pierre dans le jardin de Matignon.

Laure Bretton

Author: Redaction
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