Marion ou l’opium du peuple

marion-marechal-le-pen-6_5302653L’Express de cette semaine tresse des lauriers à Marion MLP en lui concoctant une couverture époustouflante, la présente quasiment comme l’avenir de la France sous le formidable compliment que représente l’image de « l’effrontée nationale ».

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/fn/marion-marechal-le-pen-l-effrontee-nationale_1661947.html#tkkKy6VHsyeryWHp.99

L’ambivalence du monde médiatique envers le FN est quelque chose qui m’a toujours sidéré, ce mélange de diabolisation et de sublimation, qui atteint là son paroxysme. Au lendemain de cantonales, cet hebdomadaire sera pourtant le premier à s’offusquer du score du FN auquel il aura ainsi contribué. Je me suis souvent interrogé sur le sens de cette attitude contradictoire des médias français dans leur ensemble. Longtemps, j’ai cru en une stratégie destinée à « lepéniser« , donc diaboliser, rendre tabous les sujets fondamentaux de la société française (l’Europe, la Nation, la sécurité, l’exclusion, les banlieues, l’immigration, etc.). La réalité est sans doute plus triviale: le FN et la famille le Pen font vendre, tout simplement. Marion est très jolie, séduisante, extrêmement télégénique et photogénique, et sympathique en plus, je l’admets volontiers. Cependant, elle incarne le vide absolu en politique. Elle a un Master 1 de droit. Elle n’a jamais travaillé. Elle a vingt-cinq ans. Elle est députée. La mission de député consiste à représenter les Français, donc suppose en principe une expérience de la vie sociale, professionnelle, familiale, associative. Il faut connaître, avoir vécu avec ceux que l’on est chargé de représenter, partagé leurs souffrances, leurs peurs et leurs espoirs. Il est d’ailleurs scandaleux que tellement de parlementaires et de ministres, militants de carrière, n’aient jamais travaillé, assumé des responsabilités professionnelles, exécuté des ordres, connu les doutes et les violences que suppose la seule confrontation au monde du travail. Ce phénomène n’est pas pour rien dans le fossé, que dis-je, l’abîme entre les Français et leurs élites politiques. Quant à Marion, elle doit son mandat, non pas au mérite et l’ancienneté de son implantation locale, au bilan d’une action publique ou privée, à la reconnaissance d’un travail de terrain, mais au seul fait d’être la petite fille de Jean-Marie le Pen. Bien sûr, pour faire sérieux, on lui attribue une vague coloration idéologique, catholique, conservatrice, libérale, et puis quoi d’autre… Le personnage qu’elle incarne est pur reflet médiatique, vertige du vide, néant total de la politique, de la représentation démocratique. Il n’a que 25 ans, n’a rien prouvé, rien créé, rien imaginé, mais il fait la « une » de l’Express. Hélas ce personnage est à l’image de la politique telle qu’elle nous apparaît de plus en plus: non pas la quête du bien commun, mais la politique spectacle, la grande comédie humaine,  le divertissement de masse, l’opium du peuple comme dirait l’autre.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction