L’innommable dictature de la bêtise

Depuis plus de trois  ans, mes billets soulignent la décomposition en cours du système politique français, la désintégration du système de gouvernement. Mes meilleurs amis n’ont cessé de me reprocher mon « pessimisme », voire d’être « misanthrope ».  Bon, pourtant, les faits sont là et nous atteignons en ce moment, avec les présidentielles, le paroxysme de ce processus de délitement. Et le chaos est en train de tourner à la dictature, la dictature de la bêtise. M. Fillon vient d’être mis en examen à un mois de l’élection présidentielle à la suite de dénonciations sordides, un mois plus tôt, et d’une campagne médiatique d’une violence inouïe. Il faut quand même se rendre à l’évidence: la volonté de changement et d’alternance d’une immense majorité de Français est désormais foulée au pieds. La démocratie, le pouvoir du peuple, tourne à la plaisanterie. La France est ridicule au yeux du monde entier. De fait, la vie politique française a atteint un niveau de crétinerie innommable. Tout ce qui se produit en ce moment était prévisible. Avec le système débile, prétentieux, mégalomaniaque, idolâtre, qui concentre l’avenir d’une nation dans le visage d’un homme, notre destin collectif devient l’otage de l’image de celui-ci. Or, dans nos sociétés ultra-médiatisées, rien n’est plus manipulable qu’une image, par la télévision, la radio, la presse. Toute notion de projet de société, de débat d’idées est ravagée par la bêtise ambiante. Le processus conduisant à mise en examen (depuis la dénonciation jusqu’à la convocation) , à quelques semaines du scrutin,  est une perfidie qui aboutit à truquer le suffrage. Le système pousse à la crétinerie de masse: tout n’est que manipulations, magouilles médiatico-judiciaires, jeux de l’idolâtrie et du lynchage, autour d’une image. Nous en sommes réduits à voter pour un comédien (mauvais) et non pour une politique. Il produit des phénomènes monstrueux tels que le lepénisme ou le macronisme, le « mal » et le « bien » le ying et le yang, les deux quintessences du néant et de la manipulation de masse, les deux faces d’une épouvantable imposture. Il substitue des pitres aux hommes d’Etat. Le système français devient la risée de toute la planète, notamment de ces pays auxquels nous donnons sans cesse des leçons de démocratie. Et ils ont raison. Ce n’est pas un changement constitutionnel qu’il faut. Le texte de la Ve République est parfaitement  adapté. Sauf qu’il est violé en permanence, dans l’indifférence générale. L’urgence, c’est de sortir de la tyrannie de la bêtise ou nous sommes enkistés. Dans une démocratie, la seule chose qui compte, c’est le choix d’une politique, pas d’une idole, d’une figure façonnée par les médias. Nous ne sommes ni dans la Roumanie de Ceaucescu, ni dans la Corée du nord de Kim-Il-Un. Or, la politique, elle se décide aux élections législatives qui doivent tout conditionner: le choix d’une majorité, d’un Gouvernement, d’un Premier ministre responsable devant le gouvernement et d’une politique. Le chef de l’Etat en charge de la diplomatie et de la défense, ne doit plus se mêler de la politique intérieure. Mais comment faire passer le message dans un pays à ce point esclave de ses médias, intoxiqué par la crétinisation?

Maxime TANDONNET

 

 

 

 


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Author: Redaction