Les scénarios de 2017

sans-titreNous baignons tous, du matin au soir, dans l’illusion présidentialiste. De fait, l’Elysée est l’arbre qui cache la forêt d’une réalité infiniment complexe et le grand guignol médiatique ne doit pas  occulter la réalité: un président sans majorité à l’Assemblée nationale – qui vote les lois –  est privé de tout pouvoir réel. La période électorale qui entre dans ses deux derniers mois est sans aucun précédent dans l’histoire de la Ve République: totalement incertaine. Pourtant, le spectre des scénarios possibles n’est pas indéfini:

  • La victoire aux présidentielles de M. Macron, donnée aujourd’hui comme l’hypothèse la plus probable. Elle traduirait le triomphe d’une image, d’un reflet, d’un enfumage à grande échelle, d’une chimère adossée au néant.  Les socialistes l’ont rejeté (exclusion en cas de parrainage) et les Républicains ne le considèrent pas comme un des leurs. M. Macron, sans majorité possible, tente aujourd’hui de susciter ses propres candidatures aux législatives. Mais il est irréaliste de lancer dans la nature 600 candidats sans la moindre implantation locale et d’espérer leur victoire contre les partis établis. Nous aurions alors deux hypothèses: * soit un éclatement de l’Assemblée nationale, sans majorité possible, signifiant le retour à une France totalement ingouvernables des dernières années de la IIIe et de la IVe; *soit, dans la logique de l’alternance, une nette victoire des Républicains, impliquant la nomination d’un Premier ministre républicain qui prendrait en main le gouvernement du pays, dans un contexte bien différent des précédentes cohabitation où le chef de l’Etat avait l’avantage de l’antériorité et de l’expérience.
  • Une victoire de Mme le Pen, vraisemblable si elle était opposée au second tour à M. Hamon. La présidente se trouverait alors, presque à coup sûr, face à une Assemblée législative droite/gauche profondément et unanimement hostile. Tout premier ministre nommé par elle serait aussitôt renversé. L’Elysée  ne pourrait pas engager la moindre réforme ni prendre aucune décision en l’absence de majorité et de gouvernement stable. Nous entrerions dans une période d’impuissance générale, de fuite dans la polémique stérile et la communication à outrance, un désordre indescriptible et d’une durée indéterminée.
  • Une victoire de M. Hamon: rien ne permet de l’exclure à coup sûr. Nous entrons là aussi dans une logique de crise. Il est fort improbable qu’il obtienne une majorité absolue pour réaliser les promesses irréalistes sur lesquelles il a gagné les primaires socialistes dans une surenchère démagogique. Le parti socialiste se scinderait et le pays, sans gouvernement, déchiré par le spectre de son programme inapplicable, sombrerait dans le chaos.
  • Une victoire de M. Fillon, malgré tout, suivie d’une « vague bleue » à l’Assemblée nationale. Ce scénario est le seul qui préserve l’apparence d’un système de « majorité présidentielle » permettant au chef de l’Etat de faire prévaloir sa volonté et d’appliquer une politique cohérente.  Mais au-delà de cette apparence, les choses risquent de s’avérer beaucoup plus délicates. Les conditions de son élection n’auront, quoi qu’il arrive, rien de triomphal. Elu par défaut, et non par adhésion, son autorité personnelle en sera minée dès le départ. Tout l’enjeu pour lui sera d’éviter de s’enfermer dans une logique de l’impuissance narcissique qui a miné le mandat de M. Hollande et d’essayer de construire un pouvoir de nature plus partagée et collective autour d’un Gouvernement d’action et d’autorité.
  • Une autre issue: émergence fulgurante d’une autre personnalité républicaine ou assimilée – M. Dupont-Aignan, Mme Alliot-Marie, M. Guaino – ou tout autre personnage issu du monde politique de la société civile, prospérant soudain sur les ruines de la politique française. Qui sait?

Quoi qu’il arrive, il me semble qu’après 2017, rien ne sera plus comme avant. Nous sommes dans une phase de transition, qui rend la période actuelle si étrange, incertaine, désagréable. Un régime, un système de pouvoir est en train d’agoniser et nous entrons dans l’inconnu…

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction