Les prétendus « anti-système »

imagesDans cette interview donnée avant-hier au site Atlantico, en binôme avec Mme Chantal Delsol, je faisais le point sur « l’ère du vide » dans la politique française. La majorité et l’opposition disent aujourd’hui à peu près la même chose sur tous les sujets (économie, immigration, sécurité, Europe, nation, etc), comme hypnotisées par le politiquement correct et la quête du recentrage jugé indispensable pour conquérir ou conserver les attributs du pouvoir. La politique consiste davantage à communiquer, paraître, se pavaner, faire semblant, manipuler l’opinion, dans une déferlante de narcissisme et de carriérisme, qu’à gouverner le pays pour le bien commun. Mais les prétendus « antisystèmes », pour ne pas dire les « extrêmes », offrent-ils une alternative? Non. Ils se présentent, plus encore que les autres, comme la quintessence de la fuite devant le réel, la manipulation et la course à la démagogie. Ils appliquent fondamentalement les mêmes méthodes, axées sur le « culte de la personnalité », les polémiques, le sectarisme hargneux. Ils font, pire que les autres, encore plus l’impasse totale  sur les réformes douloureuses dont la France, à l’image de ses partenaires européens, a un besoin urgent et impérieux pour relancer la croissance, la compétitivité, l’emploi: réduire de manière draconienne les dépenses publiques et les prélèvements obligatoires, les impôts sur le travail et les charges sociales, supprimer les entraves à la liberté d’entreprise, les rigidités du contrat de travail et des horaires, diminuer considérablement le poids des trois fonctions publiques, bref, libérer et encourager les énergies. Ils prônent, dans une optique d’isolement et de facilité, un retour au protectionnisme et aux dévaluations, remèdes qui ont toujours été pires que le mal (années 1981-1983). Ils aboient sur l’immigration, les uns pour exiger l’arrêt total, les autres pour réclamer une ouverture sans limite. Mais ils n’ont pas la moindre esquisse d’idée concrète, opérationnelle, réaliste sur ces sujets. Sur la sécurité, l’ordre public, l’autorité, l’Education nationale, ils brillent par un néant radical. Ils n’offrent aucune perspective, ne rêvent, exactement comme les autres, que d’accéder au trône pour pavoiser et placer leurs pions. Produit négatif des lâchetés et renoncements de la classe politique dans son ensemble, leur triomphe est aussi éphémère et artificiel qu’une bulle de haine poussée par le vent médiatique. Un jour, comme le suggère Mme Delsol dans cette même interview, la France, l’Europe connaîtront un choc dramatique. La glaciation politique française, ou européenne, cette incapacité absolue à réagir, à choisir, à décider, à exister en un mot, contraste avec un monde, un environnement en pleine ébullition, chargé de haine, de violence et de danger. L’orage, produit  de ce choc thermique, gronde au lointain, se rapproche et s’apprête sans doute à éclater. De ce traumatisme – qui sait? – pourrait naître une prise de conscience générale, un renouveau de l’air du temps, de l’esprit public, de la politique au sens noble du terme, le gouvernement de la cité… Qui sait?

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction