Les nouveaux politiciens

La France a le malheur d’être gouvernée par des professionnels de la politique qui n’ont guère d’ expérience de la vie et du monde. Prenons les grands hommes du passé. Tous avaient une expérience souvent pointue, un métier, un socle intellectuel et une connaissance de la vie et du monde en dehors de la politique. Poincaré était un grand et narcisse-samedi[1]brillant avocat, Millerand aussi, Clemenceau médecin et journaliste, Tardieu haut fonctionnaire d’exception, diplomate et journaliste, de Gaulle, officier, Blum conseiller d’Etat, Pierre Mendès France haut fonctionnaire des finances, Antoine Pinay chef d’entreprise, Pompidou conseiller d’Etat, banquier,  Raymond Barre professeur d’université, etc. Aujourd’hui, nous avons affaire à une espèce nouvelle de purs politiciens, issus d’officines partisanes, ou de cabinets parlementaires, d’un niveau de formation et de culture personnelle parfois limité (et inversement proportionnel aux prétentions étalées), sans aucune expérience de la vie réelle – hors politique. Ils n’ont appris qu’à se regarder dans le miroir, à parler fort et sur un ton assuré pour assener leurs « éléments de langage » préparés par d’autres, et faire taire leur contradicteur quitte à affirmer tout et n’importe quoi. Ils ont ainsi vécu en circuit fermé, leur système de valeur se réduisant aux résultats de la prochaine échéance électorale. Ils ont bâti leur carrière sur un réseau, familial dans le pire des cas – cela s’appelle népotisme – ou clanique. Obsédés par la communication, leur image, ils n’ont jamais rien connu d’autre que la politique politicienne, et sont donc plus ou moins déconnecté du sens du bien commun, de l’intérêt général, et des réalités. Cela explique le fossé profond entre les Français et la classe, je dirais même la caste politique. Plus ils parlent de la « France » avec des trémolos dans la voix, moins il s’y intéressent, car c’est avant tout leur personne qui importe.  Militants dans l’âme, en quête permanente de l’émission de télévision où ils pourront se distinguer par une posture, un bon mot; ivres d’ambition personnelle, privés du recul que permettent la culture et l’expérience d’un métier hors de la politique, ils n’envisagent le monde que par le prisme de leur sectarisme et de leur narcissisme. Comment briser cette logique ? Au fond, l’issue de cette situation désastreuses n’appartient qu’aux électeurs : dès 2014 et ensuite, punir les apparatchiks et les pantins médiatiques, les « fils et les filles de », ne pas s’arrêter aux seules étiquettes partisanes, choisir en fonction de la compétence, de l’expérience, des projets et de la vision de l’avenir, voire même de l’honnêteté ou de la sincérité du regard. Risqué, me direz-vous ? « N’importe : alea jacta est. Que Dieu et le peuple se prononcent ! Il faut laisser quelque chose à la providence » comme disait Lamartine en 1848.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction