Lecture: Charlemagne de Jean Favier

9782213604046-X_0Ma lecture actuelle est un énorme et passionnant pavé: Charlemagne, Fayard, de Jean Favier, 1999. Il est impossible de résumer cet énorme ouvrage de 800 pages où il est autant question d’une époque, de 750 à 820, que d’un personnage. Un Empereur français? Non, c’est tout autre chose. Il est à la tête du royaume, puis de l’empire franc, c’est-à-dire d’une tribu germanique, parlant à l’origine un dialecte proche de l’allemand, et occupant au départ le nord de l’Europe, un territoire partagé en deux, la Neustrie (la France du Nord) et l’Austrasie (l’est de la France, la Belgique et les Pays- Bas, et l’ouest de l’Allemagne). Charlemagne, fils de Pépin, est issue d’une grande famille de l’Austrasie. Le succès de cette ethnie tient à la conjonction de son goût des armes, de la guerre et de son alliance avec l’église catholique, son statut de protecteur du Pape. Les Carolingiens, famille de Charlemagne, inventent un système de pouvoir extrêmement ingénieux, fondé sur une pyramide d’allégeances personnelles, de liens de vassalité, qui part du simple « homme libre », remonte jusqu’au   souverain suprême et s’appuie sur les comtes, de fidèles seigneurs nommés par Charlemagne qui contrôlent l’ensemble des territoires. Ce réseau de liens d’allégeance qui partant du sommet, irrigue l’ensemble du royaume ou de l’empire, bénis par la religion catholique et consacrés par un serment de fidélité, sont la source d’une irrésistible capacité de mobilisation et de puissance collective. Les Francs, dont la cause s’assimilent à celle de la chrétienté, imposent leur domination à un territoire équivalent à celui  de l’Europe occidentale et posent les fondements de la Reconquista de l’Espagne musulmane en établissant une Marche au sud des Pyrénées. Cette force est aussi d’une grande fragilité, car reposant sur des liens personnels de confiance et de protection qui se désintègrent avec la disparition du Seigneur suprême, l’empereur, et les déchirements de ces successeurs.

La France, c’est-à-dire la conscience, l’idée de l’unité politique d’un territoire ceinturé par des frontière naturelles, le Rhin, les Alpes, les Pyrénées, l’océan et trois mers, le sentiment d’un destin commun aux peuples qui l’habitent, la France naît sur les décombres de l’Empire carolingien, dans une période épouvantable dévastée par les invasions normandes, de la volonté de résistance d’une autre famille de l’aristocratie, partie de presque rien: les Capétiens entre 900 et 1000. Elle remonte à un millénaire, elle n’est sûrement pas éternelle, comme rien de ce qui est humain. A quel stade de son parcours dans l’Histoire en sommes nous? Est-elle en fin de cycle? Peut-elle se redresser et poursuivre sa route encore quelques siècles? Ce livre ne le dit pas, n’y aucun autre d’ailleurs. Moi non plus, je n’en sais rien…

Maxime TANDONNET

 

 

 


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Author: Redaction