La trêve estivale de juillet-août se prête au recul et à la hauteur face aux événements. Pourtant, l’avenir est une chose que l’on n’a pas forcément envie de voir, avec son cortège d’incertitude est d’angoisse. « Ni la mort ni le soleil ne se peuvent regarder en face » écrit François Mauriac (Mémoires intérieurs). J’y ajouterais volontiers « l’avenir ». Le dernier rapport de l’ONU sur l’avenir de la population mondiale est ainsi passé inaperçu en France. Pourtant, sa lecture donne le vertige. En 2100, la terre sera peuplée de 11,2 milliards d’habitants contre 7 aujourd’hui. La seule population de l’Afrique va quadrupler, atteignant 4,2 milliards et faisant de ce continent le plus peuplé de la planète. L’Inde sera la première puissance démographique devant la Chine avec 1,5 milliard d’habitants. Le Nigéria dépassera les Etats-Unis et à lui seul, comptera plus d’habitants que l’Europe toute entière qui perdra d’ici là 14% de sa population. Le bouleversement en cours soulève des interrogations gigantesques: l’Afrique dans ces conditions peut-elle relever le défi incommensurable de son développement économique et social? Et sinon, que devient-elle? Que reste-t-il en tout cas de notre pauvre Europe et de ses peuples en 2100? Quelles sont les issues planétaires sur le plan de la pollution et de l’environnement? Des matières premières et de l’énergie? De l’alimentation et des ressources en eau potable? Quelle place doit avoir le monde occidental et comment concevoir son unité, son leadership face aux défis gigantesques des décennies qui viennent?Parfois, je me dis que le maelström de l’actualité quotidienne, les polémiques, les passions et les querelles du quotidien ne sont guère que des leurres pour nous détourner des vraies questions qui touchent au futur de l’humanité. Celles que nous n’avons pas envie de voir ni d’entendre…
Maxime TANDONNET