Le philosophe, le courage et la raison

Michel_Onfray_-_Theatre_rond_point_-_2010-05-20Hier, un sondage rassurait le monde médiatique. L’opinion venait enfin de basculer, après une semaine de matraquage, 53% des Français se prononçant en faveur de l’accueil des migrants. De mémoire d’homme, je n’ai jamais assisté à un tel rouleau compresseur. Du matin au soir, toutes les radios, les télévisions, la presse, assènent un message unique: celui de l’accueil impérieux et inconditionnel. Les associations, les personnalités politiques, l’Etat, les dirigeants, les institutions, les églises, plient sous la pression, et se soumettent les uns après les autres. Dans un climat de conformisme médiatique sans précédent, aucun doute, aucune réserve, aucune interrogation ne sont permis. Le bien doit s’imposer au mal, la générosité à l’égoïsme, l’ouverture à la fermeture, et la lumière à l’obscurantisme. On chasse le « tweet » dissident, la parole déviante, le mot déplacé. Le président Sarkozy, pour avoir donné son point de vue et suggéré une politique cohérente, est insulté, traité plus bas que terre, accusé de lepénisme. Le message officiel n’est plus seulement idéologique – celui de la grande ouverture salvatrice – il est désormais moralisateur, d’essence religieuse: chaque paroisse, chaque commune sont invitées à s’adonner au devoir d’accueil. Des coups sourds martèlent les consciences. Celui qui conteste ou rechigne est suspect. L’insulte, cette lame d’un genre nouveau,  rode sur chaque instant: raciste, fasciste, nazi, salaud, etc… La menace des tribunaux plane: deux maires sont traînés en justice pour avoir souhaité accueillir en priorité des chrétiens. La moindre velléité d’esprit critique, le seul fait de s’interroger est banni. Une digue a été rompue, celle du bon sens et de la notion même de « capacités d’accueil ». Le réel est effacé, interdit devant la loi de l’émotion. L’esprit critique et le réalisme sont maudits. La raison devient elle-même suspecte. Le scandale ne tient pas seulement au fait d’émettre publiquement une opinion divergente, mais à la simple interrogation, expression d’une doute, d’une question: qui financera cet accueil dans un pays dont les finances sont exsangues? Où seront-ils hébergés? Quid des exclus Français ou étrangers, SDF, squatteurs, résidents des bidonvilles déjà sur le territoire? Quel avenir des nouveaux venus dans le contexte de 3,6 à 5 millions de chômeurs? Qu’est-ce qui différencie réellement, dans les nouveaux arrivants en Europe, les réfugiés des migrants clandestins? Quel peut-être l’impact, en termes d’appel d’air, dans le contexte d’une pression migratoire intense, de ce message d’ouverture? Quel partage possible de l’accueil hors d’Europe? Hormis les familles, pourquoi des jeunes hommes célibataires du Moyen-Orient choisissent-ils le départ tandis que d’autres, des femmes pour l’essentiel, prennent les armes pour combattre Daesh? Comment expliquer le contraste entre cette vague de compassion pour les arrivants en Europe et une indifférence obtuse, générale, croissante, envers les atrocités barbares commises dans le monde notamment par Daesh et Boko Haram? Comment comprendre la lâcheté et l’aveuglement d’une Europe qui a laissé se développer un tel chaos génocidaire à deux pas de ses frontières sans intervenir militairement? Silence, tout le monde se tait. Ah non! Michel Onfray parle ce matin dans Figaro Vox et son point de vue est lumineux. Ainsi, il reste une étincelle de courage et d’intelligence dans la tourmente. Tout est permis tant qu’elle ne s’éteint pas.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction