Le mal français

« La présidentielle de 2022 ? Officiellement, Emmanuel Macron n’en parle « jamais », a assuré son ancien conseiller Ismaël Emelien, le 27 mars, sur BFM-TV. En coulisses, le chef de l’Etat a pourtant chargé ses troupes de bâtir une stratégie de financement sur le long terme, afin d’avoir les moyens nécessaires pour mener campagne le moment venu. « Le président ne le dira jamais en public. Mais il ne pense qu’à 2022. C’est son moteur, affirme l’un de ses conseillers. Toute la stratégie est focalisée sur cet objectif ultime. » Aussi bien sur le plan politique que financier [le Monde 09/04/19]

Cet extrait d’un article récent du Monde confirme ou démontre ce que chacun pressent. La question n’est en aucun cas de critiquer ou de fustiger l’actuel occupant de l’Elysée à titre personnel. Trop facile: son lynchage quotidien est aussi lamentable et stupide que l’idolâtrie autour de sa personne. Le seul sujet qui compte est la désastreuse dérive de la politique française, sur plusieurs décennies, en autocratie délétère, vague et lointain reflet de souvenirs maudits qu’on espérait abolis à jamais. Cette perversion est l’une (et seulement l’une) des causes, sur plusieurs décennies, du déclin de la France face à ses grands partenaires européens, en particulier Allemagne et Royaume-Uni: chômage massif, exclusion, ghettoïsation, violence quotidienne, pauvreté, affaiblissement de l’Etat dans la maîtrise de l’immigration et sa mission de protection des biens et des personnes, désindustrialisation, déficits publics et explosion de la dette publique, prélèvements obligatoires records. « Il ne pense qu’à cela. C’est son moteur. »Oui, la classe dirigeante ou influente française sacrifie le sens de l’intérêt général et de l’avenir collectif au destin personnel d’un individu. Elle se fabrique une sorte de demi-dieu par l’élection présidentielle, sur la base d’un phénomène d’adoration collective, anéantissant tout ce qui fait l’essence d’une démocratie, en particulier le débat d’idées et le choix d’un projet. Puis elle s’éblouit de la splendeur de ce dernier, se prosterne devant lui et prépare avidement sa réélection plutôt que de travailler au bien commun de la Nation sur le long terme. Il est inconcevable de bien présider, bien diriger un Etat, d’accomplir des choix d’intérêt général, tout en ayant l’esprit gangrené par l’obsession de la réélection. Le pays fait naufrage dans l’esbroufe, les impostures, les gesticulations, le grand-guignol médiatique permanent, tendu vers la seule réélection de l’idole nationale, plutôt que de se retrousser les manches et de se mettre à l’ouvrage.  Et tout cela dans un contexte d’abêtissement massif et volontaire, marqué par l’effondrement du niveau scolaire et intellectuel du pays, dont l’objectif est de tenter, à terme, de priver les Français de tout esprit critique face à cette lamentable comédie. Le but n’est en aucun cas d’accabler un homme personnellement, encore moins de remplacer un chefaillon par un (e) autre. Il devrait être avant tout de restaurer une démocratie française et une res publica (la chose publique)  dignes de ce nom.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction