Le gouffre politicien

sans-titre« Quand on porte l’ambition d’être numéro 1, on ne peut pas être numéro 2 » a déclaré l’un des candidats à la primaire « de la droite et du centre » à la télévision hier soir, refusant par avance l’idée d’être Premier ministre. Ces paroles auraient aussi bien pu être prononcées par tout autre candidat de droite, de gauche ou d’extrême droite. De tels propos, aujourd’hui d’une parfaite banalité, ne font plus frémir personne. J’y ressens tout l’effondrement et la décomposition du système politique français. Ils expriment ce que beaucoup d’entre nous ressentent: la politique, le gouvernement de la cité, est désormais otage du culte du moi, de la sublimation de l’ego, de l’image narcissique, au prix d’un vertigineux abandon du sens de l’intérêt général et du bien commun. Dans l’esprit de la Ve République, le Premier ministre n’est pas un numéro 2. Sa mission est distincte de celle du chef de l’Etat. Le président est un arbitre, garant des institutions, en charge de la politique étrangère et de défense. Le second est responsable du gouvernement du pays sous le contrôle du Parlement. Le premier préside, le second gouverne. La mission de l’un est fondée sur le prestige, celle de l’autre sur le travail. Il n’est pas question de hiérarchie entre eux, de numéro 1 et de numéro 2. Cette idée d’un Premier ministre simple collaborateur du chef de l’Etat, désormais courante, banalisée, est une ineptie qui se traduit dans le chaos d’une France non gouvernée. Tout le monde veut le prestige et plus personne ne veut travailler pour le bien commun. Refuser par avance d’être Premier ministre, c’est refuser de gouverner, de choisir, de prendre ses responsabilités: le sommet de la démission et du renoncement pour un homme politique. Affirmer que l’on n’est pas intéressé par ce poste, en le considérant insuffisamment prestigieux pour sa personne, dans l’ivresse de l’image narcissique, c’est faire le choix de refuser de servir le pays. Il est lamentable que la jeune génération, incarnant en principe la relève, se montre encore pire que l’ancienne à cet égard, précipitant toujours plus la France dans le gouffre de l’ivresse narcissique et de l’impuissance publique.
Maxime TANDONNET


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Author: Redaction