Le fléau présidentialiste

Il devient difficile d’allumer sa radio ou son poste de télévision sans être écrasé par l’avalanche de crétinerie et de mauvaise foi qui déferle sur la France. Je pourrais en donner 1000 exemples chaque jour. Nulle part, dans aucun pays au monde, on ne voit tant de bêtise moutonnière et d’instinct grégaire s’étaler au grand jour et sans complexe. Comment le pays de Pascal, Montaigne, Péguy, Camus et de tant de génies littéraires, musicaux, scientifiques, a-t-il pu se vautrer ainsi, non dans la démence, ce qui aurait l’excuse de la maladie mentale, mais dans l’imbécillité la plus crasse?  Je suis de l’avis que le système politique français, notamment son présidentialisme, en a au moins une part de responsabilité.

  1. L’idolâtrie autour de personnages médiatisés, du reflet médiatique de figures, noyant le sens du bien commun et de l’intérêt général; la vie publique française se limite pour l’essentiel à l’exaltation ou au dénigrement d’individus surmédiatisés qui fait oublier tout le reste.
  2. Déchirement du pays autour de cette idolâtrie qui favorise le sentiment, l’émotion, au détriment de la raison, d’où haine et violence nihiliste, insulte, fureur, envie de tuer sans limite. Voyez la place de la calomnie et des injures dans la campagne actuelle; elles en sont devenues la pierre angulaire. Heureusement, notre époque ne supporte pas la vision et l’odeur du sang, sinon, les petits lynchages médiatiques, flambées de haine hystérique que nous observons au jour le jour se traduiraient par des vrais massacres et un bain de sang. Il en faut peu, vous savez…Le présidentialisme déchire la France.
  3. Faiblesse du niveau moral et intellectuel de ces idoles: la foule médiatique, comme toute foule, est attirée par le plus petit commun dénominateur, la parole la plus inintelligente, la propagande la plus fausse et la plus sordide, la flatterie des plus bas instincts:  démagogie et quête de boucs émissaires. Les deux candidats retenus pour le second tour de la présidentielles en sont l’illustration même: inculture, inintelligence, absence de toute espèce de vision de l’Etat ou de l’histoire. Attention: je ne dis en aucun cas qu’il faut les renvoyer dos à dos. Mais simplement qu’à mes yeux, ce sont deux personnages médiocres, fadasses, sans intérêt ni mérite, sans légitimité, sans expérience, sans envergure, vaguement ridicules, l’un comme l’autre, de purs produits du système médiatique qui vend des politiciens comme des savonnettes.
  4. Culte de l’apparence, de la surface des choses, du grand spectacle: la différence s’exerce sur un sourire, un visage, voire une grimace. Le présidentialisme tue le débat de fond en cantonnant la vie publique aux apparences et aux passions envers des reflets médiatiques. Il favorise simplifie à l’excès, réduisant les problèmes de fond à des phénomènes d’allégeances envers des individus. Il aggrave, nourrit, amplifie la bêtise ambiante.
  5. Manipulation médiatique sans fin: tant il est facile de jouer sur les images d’individus et les sentiments qu’il inspire: le présidentialisme, en s’adressant à l’émotion et non à la raison, donne le pouvoir aux médias. Dans ces élections, le parti des médias a joué un bien mauvais rôle, calqué sur le système présidentialiste. Il a choisi ses candidats, les a vendus comme des savonnettes. Pendant 5 ans, il a joué à fond la carte de la « dédiabolisation » et de la surreprésentation du candidat lepéniste, préparant le duel de second tour contre son propre candidat, le candidat des médias, avec la certitude absolue de la victoire de celui-ci. Maintenant que c’est fait, qu’il a gagné, qu’il a atteint son but, il redécouvre soudain les « racines »  et la « nature » du parti lepéniste qu’il avait oubliées et occultées… Quelle forfaiture, quelle hypocrisie!
  6. Faiblesse et fragilité du système: le présidentialisme n’est pas un système d’autorité ni d’efficacité: l’élection par l’image produit un régime dont l’unique objectif est de préserver l’image: d’où l’abandon de l’intérêt général, le renoncement à agir pour le bien du pays, l’obsession de l’image. C’est le phénomène auquel nous assistons depuis des décennies. La vie publique s’organise autour de la magnificence d’un homme à l’Elysée, au détriment du bien commun. La France de Ceaucescu…
  7. La raison humaine est fragile et le candidat victorieux, triomphe résultant d’une sinistre manipulation, gagné par un véritable délire mégalomaniaque,  est voué à perdre la raison une fois à l’Elysée, antichambre de l’asile de fous,  et à devenir la bête infâme du pays comme tous ses prédecesseurs. Le parti des médias, sentant le vent tourner, sera le premier à lâcher et à lyncher son enfant chéri, une fois élu, et à entraîner la France dans une crise de confiance sans fin dont rien de bon ne sortira jamais.

A quoi sert-il de le dire et de le redire, dans le scepticisme et l’incrédulité générale? Tout espoir de transformation des choses commence par le début d’une prise de conscience et c’est dans ce but que j’écris.

Maxime TANDONNET

 

 

 

 

 


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Author: Redaction