Le faux débat mondialisation/patriotisme

sans-titreLe débat droite/gauche n’a plus beaucoup de sens. A la fin du XIXe siècle, il opposait la droite conservatrice, monarchiste et cléricale, à la gauche républicaine. Puis, au XXe siècle, il était supposé mettre face à face les chantres de l’économie libérale à ceux du « progrès social ». Nous savons aujourd’hui que la liberté d’entreprendre n’est pas incompatible avec le progrès social, bien au contraire. Le débat droite/gauche, vidé de sa substance, est affaire de posture, la supposée gauche se prétendant le « camp du bien » et des « valeurs » face au « bloc réactionnaire ». Nous savons ce qu’il en est du camp du « bien », de la « pureté morale  et des « valeurs ».

Le discours extrémiste triomphant tend à substituer au débat droite/gauche un autre débat, mondialiste/patriotisme tout aussi vermoulu. Le phénomène n’est pas nouveau car déjà, dans les années 1920 et 1930, les idéologies totalitaires en tout genre visaient à l’autarcie contre le « cosmopolitisme ». Le clivage idéologique n’est pas plus fondé que le précédent. La mondialisation est un fait objectif, qui s’accélère depuis la Renaissance: explosion des échanges commerciaux, multipliés par 400 depuis 1945, essor des multinationales, ouverture du monde par les voyages, révolution Internet, richesse des échanges intellectuels et de la création par la rencontre des cultures. La mondialisation a accompagné un gigantesque progrès de la prospérité, l’espérance de vie passant en un siècle d’une cinquantaine d’années à près de 80 ans dans les pays développés. Quant à l’extrême pauvreté, de fait, elle diminue d’année en année dans le monde (un milliard d’hommes vivent avec moins de 1,9 dollars par an contre deux milliards vingt ans auparavant). Les réactions contre cette mondialisation prennent des formes multiples pouvant aller jusqu’à la barbarie absolue: le terrorisme.

La mondialisation peut se maîtriser par des politiques publiques réalistes, mais elle ne s’arrête pas, synonyme de progrès matériel sur le long terme, et ne s’oppose pas à la patrie. Le vrai clivage politique, selon moi, n’est plus droite/gauche, ni mondialisation/patriotisme, il est entre l’idéologie, la propagande, la manipulation d’une part, et la vérité d’autre part. La vie politique tend en ce moment vers la posture, le culte de la personnalité, la communication, les grandes chimères, l’agitation des passions et des émotions,  la fuite dans les limbes du rêve et de l’utopie. L’invocation du « peuple » contre la « mondialisation » est la dernière supercherie à la mode. Face à l’enfer de la grande démagogie, la politique doit au contraire se recentrer sur les réalités, l’action, le sens du réel et du gouvernement des choses: libérer les énergies de l’entreprise, restaurer l’ordre et la sécurité dans un pays en plein chaos, refonder l’école et l’égalité des chances, maîtriser la frontière, reconstruire une Europe en pleine déflagration, comme outil de maîtrise de la mondialisation face aux grands empires planétaires. Manipulation de masse contre principe de réalité: tel est selon moi le vrai clivage de notre époque.

Maxime TANDONNET

 

 

 


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Author: Redaction