La tentation de François

sans-titreL’histoire ne se répète jamais à l’identique, mais elle a parfois d’étranges clins d’œil. Nous vivons une époque bizarre qui présente nombre d’analogies avec le Moyen-âge, ses conflits de civilisations, ses grands empires, ses souverains impuissants, ses mouvements de populations, ses féodalités, baronnies, ses idolâtries et superstitions, chasses aux sorcières, ses anges et ses démons. Le pape François vient d’illustrer ce grand retour vers le passé. Au-delà de sa mission naturelle, fondamentale,  de protection des chrétiens massacrés partout dans le monde, nous avons un souverain pontife qui, de toute évidence, a la tentation du pouvoir temporel et de s’ingérer activement dans la vie politique des Etats. Il n’hésite pas à s’occuper des affaires de ce bas monde. Ainsi, il a comparé l’Europe à « une vieille femme stérile« , signifiant par là que le continent devait s’ouvrir avec joie aux grands mouvements migratoires pour se régénérer. Le problème est qu’il ne maîtrise pas forcément toutes les données de la question: un million de réfugiés en 2015, les noyades, le trafic des passeurs esclavagistes, les foules en perdition en Europe, le sort des nouveaux venus sur un continent qui compte 30 millions de chômeurs et de gigantesques problèmes sociaux, les problèmes de squats et bidonvilles, les conséquences du départ pour les pays d’origine, le risque de réactions nationalistes, de déstabilisation politique profonde et de déchirement. Sans doute ne sait-il pas que l’Europe est déjà, en temps ordinaire, le continent le plus ouvert du monde à l’immigration (1,4 million en moyenne par an). La toute puissante chancelière allemande a mal pris les propos de François et le lui a fait savoir. Moyen-âge, quand tu nous tiens. Nous voilà revenus mille ans en arrière, quand le pape Grégoire VII et l’Empereur d’Allemagne Henri IV s’affrontaient pour la domination politique de l’Europe. Pour la petite histoire, si mes souvenirs de classe de 5ème sont bons, c’est le roi de France  qui les a remis tous les deux à leur place… Mais ce n’est pas tout, François, dans un discours prononcé au Mexique, a implicitement accusé un candidat aux présidentielles américaines, Donald Trump, de ne pas être « bon chrétien » et lui a donné une leçon de morale, lui reprochant de « dresser des murs plutôt que des ponts ». L’intervention d’un pape dans une campagne électorale, c’est une première à ma connaissance. Ce geste comporte une bien étrange réminiscence des temps obscurs où le pape frappait les pouvoirs terrestres qui lui déplaisaient à grand coup d’excommunication.  Evidemment, un péquin de mon genre n’a pas de conseil à donner au pape. Mais quand même, avec tout le respect que nous lui devons, François n’aurait-il pas intérêt à revenir aux fondamentaux : « Rend à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César » (Marc, XII, 13-17; Matthieu XXII,21; Luc, XX, 25)

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction