La misère politique croissante

images (3)Est-ce une vue de l’esprit ou le constat lucide d’un phénomène bien réel? Merci de me détromper si je suis dans l’erreur… Jamais je n’ai éprouvé aussi fortement, en ce mois de juillet 2015, l’impression d’une plongée de la vie publique française dans l’absurde, le néant et la manipulation sans vergogne. J’en ai identifié treize symptômes qui me paraissent flagrants.

– La négation radicale des sujets de préoccupation des citoyens dont plus personne ne parle: le chômage massif, la désindustrialisation, l’exclusion des jeunes, la crise de l’Education nationale et de l’université, l’insécurité, le communautarisme.

– L’asservissement quasi généralisé du monde médiatique (radio, télévision, une partie de la presse écrite), du matin au soir, à la propagande quotidienne du pouvoir en place.

–  La personnalisation à outrance de la vie politique, accaparée jusqu’à l’obsession par les facéties, coups de com’, flambées narcissiques d’une poignée de figures médiatisées.

-Un détournement généralisé, banalisé, de l’intérêt public – en principe la raison d’être de la vie politique – au profit des intérêts personnalisés d’une caste politique qui ne s’intéresse plus qu’à la conservation et la conquête des mandats, fonctions, privilèges. La course à la présidentielle de 2017 en est la quintessence.

-Un nouvel ordre idéologique et moral: sur tous les sujets, il n’existe plus qu’une et une seule approche tolérable, socialement acceptable, et celui qui s’en éloigne est satanisé (sur l’immigration ou l’euro par exemple).

-Un manichéisme débilitant: droite et gauche présentées comme des ennemis irréductibles, engagés dans une guerre mortelle, un sectarisme haineux qui n’est pas autre chose que le cache misère de la mort des débats de société.

-La technique de la table rase dont se nourrit la vie politique: tout doit s’oublier, le passé vichyste d’untel, les paroles ignobles d’un autre, les fautes monstrueuses, les échecs lamentables, les bilans désastreux…  D’où le sabotage de l’enseignement de l’histoire.

-Le goût du lynchage public, la quête permanente du bouc émissaire médiatique, sur lequel convergent toutes les haines, toutes les fureurs, toutes les frustrations, la personne que l’on jette par terre pour la rouer de coups de pieds (M. Buisson par ex).

-L’ivresse de l’anecdote, de la petite polémique minable présentée comme événement  (apparition de la petite culotte d’une actrice au festival de Cannes).

-la dictature de l’émotion au détriment de la raison: le monde politique et médiatique ne cesse de jouer sur l’émotion collective pour déclencher autour d’elle de vastes mouvements d’adhésion et de consensus parfaitement artificiel et provisoires (« l’esprit du 11 janvier »).

– L’occultation à peu près complète des grands enjeux planétaires par lesquels se joue l’avenir des futures générations, l’essor de l’Asie, la démographie africaine, la poussée de violence fanatique au maghreb et en Afrique, l’enjeu pétrolier, le déclin du monde occidental… Cela au profit d’une vision strictement franchouillarde de l’actualité.

-Le mépris de la « vile multitude », du peuple, de la populace mal pensante, du populisme en somme, d’où la contradiction fondamentale entre des sociétés qui s’affichent démocratiques (pouvoir du peuple) et méprisent souverainement le peuple.

-L’anti élitisme, la crainte du savoir, de l’intelligence, de la culture, qui permettent de disposer d’outils de résistance face à une tendance à la médiocrité. D’où la politique de nivellement par le bas, la guerre menée aux enseignements des humanités, aux grandes écoles, et la volonté assumée de noyer l’université dans la masse.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction