La médiocratie

Il serait d’une rare mauvaise foi de prétendre que la France est encore une démocratie. Le pouvoir du peuple n’a plus grand chose à voir avec le régime Français. Sur tous les grands sujets du moment, économie, social, frontières, sécurité, Europe, il semble acquis une fois pour toute qu’il n’a plus droit au chapitre. A la vérité, elle n’a rien non plus d’une dictature. Tout le monde peut dire et faire à peu près n’importe quoi, l’autorité est absente de l’école, de la vie quotidienne, de la rue et le pouvoir politique ne dirige plus rien. Le régime actuel est plus proche de l’anarchie que de la dictature et ceux qui parlent de dictature ne connaissent rien au monde ni à l’histoire. Non, c’est tout autre chose, une post-démocratie, ou plutôt, une médiocratie, le régime de la médiocrité triomphante.  Les vedettes de ce dernier weekend politique en ont fait l’âpre démonstration.  Nous ne leur ferons pas l’honneur de les désigner par le nom. De haut en bas, d’un extrême à l’autre, l’effondrement dans un abîme de mégalomanie ridicule, une avalanche de gestes et de paroles totalement ubuesques, une véritable naufrage dans le délire narcissique et prétentieux. De fait, ils n’ont rien à dire, rien à faire, rien à proposer, qu’à soigner leur ego malade. La névrose du moi-je, symptôme de la médiocrité absolue. D’ailleurs, cette explosion de frime vaniteuse, de narcissisme pathologique, de l’extrême droite à l’extrême gauche, n’a plus aucun rapport avec la politique au sens noble: le gouvernement de la cité. La scène du grand spectacle politicien ne cesse pas de fuir la vie quotidienne des Français, comme une bulle emportée dans le néant, dans l’indifférence générale. La France, avec ses entreprises, ses cadres, ses ouvriers, collectivités, son réseau associatif, son Etat et ses serviteurs, se porterait tout aussi bien sans la petite caste de frimeurs médiatisés qui gesticule dans les caméras, fanatisée par le moi-je, j’entends bien, la caste de l’extrême droite à l’extrême gauche. Personnellement, je me remettrai à croire en la politique quand une douzaine d’hommes ou de femmes, désintéressés pour eux-mêmes, ayant une vie ailleurs que dans les néants, pardon, les néons de la politique politicienne, un fond un peu solide sur le plan professionnel, intellectuel, personnel, déterminés à ne pas séjourner longtemps au sommet, et à tout donner pour l’intérêt général avant de disparaître, émergera du néant actuel. Je me remettrai alors à croire en la politique quand une douzaine de personnalités émergera du néant actuel avec la ferme intention de restaurer la res publica, la chose publique, sans prétendre faire de miracle,  sans frime, sans carriérisme, sans mégalomanie, mais juste travailler au bien commun. Mais est-ce envisageable? Quant à l’idée du héros sauveur du pays, elle viendra peut-être dans une situation de chaos absolue, de guerre planétaire, ou civile, ou les deux,  qui se produira un jour, de toute évidence. Mais si la France devait dans ces conditions se rallier à un héros, ce ne peut être qu’en dehors de tous les pitres qui la ridiculisent en ce moment, d’extrême droite à l’extrême gauche.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction