La France ingouvernable? Et comment en sortir…

imagesNous assistons sans doute à un bouleversement du régime politique français dont peu de responsables publics ou d’intellectuels me semblent avoir conscience. Notre système, ou gouvernance, est fondé, depuis 1958, sur le présidentialisme majoritaire. Le chef de l’Etat a peu de pouvoir propre en temps normal. Du fait de son autorité personnelle (de Gaulle) ou de celle qu’il tient de l’élection au suffrage universel, il s’appuie sur une majorité parlementaire qui lui obéit et gouverne à travers un Premier ministre, en théorie chef de gouvernement mais qui est dans les faits son  bras droit (sauf en période de « cohabitation »). Ce mode d’exercice du pouvoir est probablement en train de voler en éclats sous deux facteurs:

– Le déclin radical du prestige présidentiel: à la suite de l’adoption du quinquennat en 2000 qui a affaibli l’image du chef de l’Etat, mais surtout des déboires de tous les occupants de l’Elysée depuis une quarantaine d’années qui vont en s’accentuant de manière vertigineuse pour atteindre en ce moment leur paroxysme, il est vraisemblable que jamais, quel que soit son titulaire, la présidence ne retrouvera son autorité et sa force d’antan. L’institution est sans doute durablement discréditée.

-L’apparition si elle se confirme du tripartisme. Il faut bien voir ce que représente l’émergence du fn comme « troisième force ». Si elle se traduit dans les urnes lors des législatives, dans le contexte de trois partis aux frontières étanches, qui se haïssent et excluent tout accord pour des raisons de principe (exemple du « ni-ni »), il devient impossible de former une majorité. Or, l’absence de majorité interdit de voter des lois, d’accomplir des réformes, de gouverner.

Les marges de manoeuvre du pouvoir politique sont d’ores et déja extrêmement réduites, entre les contraintes européennes, juridictionnelles, financières. Mais en outre, ce sont bien deux piliers de la gouvernance française depuis 1958 qui sont en voie de s’effondrer. On est frappé par l’indifférence des responsables politiques à la question du pouvoir. Eux-mêmes semblent se résigner, sinon se satisfaire de l’impuissance croissante des institutions et s’abandonner à l’ivresse de la communication, de la grande comédie du pouvoir, jonglant sur les polémiques et les émotions pour masquer leur difficulté à agir sur le réel.

D’un mal peut-il sortir un bien? La paralysie croissante des institutions, aussi dramatique aujourd’hui, sinon pire que sous la IVème République, peut déboucher sur une crise politique facteur de renouveau. Il n’y a pas besoin de proclamer une sixième République, mais de réinventer de nouveaux mode d’exercice du pouvoir, une autre démocratie: un parlement composé d’hommes et de femmes libres qui exercerait sa souveraineté sur la base de majorités d’idées, en dehors du carcan de la discipline partisane;  un recours accru et fréquent au référendum pour replacer le peuple au centre du pouvoir; la réhabilitation du Premier ministre qui dans toutes les démocraties europénnes assume la responsabilité du gouvernement du pays et des choix nécessaires; un chef de l’Etat impartial et exemplaire… au dessus des partis.

Ce sont des questions infiniment plus importantes pour la France que les menus dans les cantines scolaires; mais qui ne semblent pas intéresser grand monde… Dans ce pays, qui est encore capable de distinguer l’essentiel de l’accessoire?

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction