je, je, je…

images[3]« Nous verrons à la fin si j’ai pris le bon chemin » a déclaré le président Hollande ce matin sur France Inter. Qu’est-ce que cela signifie? Que le sort d’une Nation réside dans le seul cerveau d’un homme? Le nombre de « je » dans son intervention est proprement hallucinant.

http://www.lejdd.fr/Politique/Francois-Hollande-Nous-verrons-a-la-fin-si-j-ai-pris-le-bon-chemin-710548

Il faut y voir le paroxysme de la déliquescence de notre vie politique, de notre démocratie. L’illusion est totale: un personnage, avec titre de chef de l’Etat, parle de phrase en phrase, comme s’il détenait entre ses seules mains les clés de l’avenir de tout un peuple. Or, les choses sont loin de se passer ainsi. Le pays évolue sous l’impact d’une multitude de paramètres, les influences internationales, européennes, financières, les décisions du secteur privé, des administrations, des juridictions, de la société civile, l’air du temps, la presse et les médias, etc. Et puis autour du président, il y a une équipe, un gouvernement, une majorité, un Parlement, voire même un peuple qui l’a élu… Le « je » est dérisoire, presque pitoyable. Son exubérance est le symptôme de l’impuissance. Même les dictateurs n’utilisent pas ainsi le « je » au détour de chaque phrase ne rabâchent pas « je » toutes les dix secondes. Cette manière de s’exprimer illustre l’hallucinante tromperie de la vie politique française autour de sa dérive présidentialiste. Faire croire que le destin collectif dépend d’un seul homme: c’est faire insulte à notre intelligence. Personnalisation du pouvoir? Non, personnalisation de l’impuissance, dans un régime d’un nouveau genre, qui sublime la vanité, pousse à la mégalomanie, mais n’a plus grand chose à voir, ni avec la République ni avec la Monarchie.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction