« Hollande, c’est fini! » Vraiment?

588945Le président Sarkozy a déclaré hier dans un meeting: « Hollande c’est fini. C’est nous les Républicains, la seule alternative au Front national ». Voici une belle déclaration, qui fait réfléchir et mérite d’être méditée tant elle est révélatrice du climat actuel. Elle m’inspire les interrogations suivantes:

  • 1) Les politiques de droite comme de gauche ont-ils raison de vouloir prendre appui sur le parti lepéniste en le désignant ainsi comme l’adversaire numéro un, dans l’objectif de  gagner les élections, lors d’un second tour des présidentielles, comme en 2002? Mieux vaudrait sans doute tenir un discours de vérité sur le fond des sujets et de proposer une politique réaliste et crédible, sans entrer dans le jeu de l’obsession du parti lepéniste dont ils font eux-mêmes, avec le soutien des médias et une étrange délectation, la pierre angulaire de la vie politique française. D’autant plus que, sans alliance et sans véritable crédibilité pour l’ensemble de la population, cette formation,  nourrie du mécontentement et de la seule médiocrité des responsables politiques, n’a qu’une chance insignifiante en 2017 de gagner à la fois les présidentielles et les législatives (sans lesquelles le président n’a aucun pouvoir) , tout le monde le sait parfaitement mais fait semblant de croire le contraire.

2) Faut-il, un an et demi à l’avance, vendre ainsi « la peau de l’ours »? L’histoire est un  monstre incontrôlable: des événements d’une gravité vertigineuse peuvent se produire d’ici là, comme un attentat terroriste de grade ampleur, à l’exemple de ce qui vient de se produire à Ankara. Dès lors, nul ne sait quelles seraient les réactions de la population et le réflexe légitimiste en faveur du chef de l’Etat n’est évidemment pas à exclure (comme en janvier 2015).

3)  Hollande, c’est fini? Mais il n’est pas le seul à donner cette impression… Pour l’instant (en dehors peut-être, vaguement, d’Alain Juppé), aucun personnage de la vie politique ne semble entraîner la faveur des Français, personne n’incarne vraiment dans sa personne l’alternative, un engouement global de la population. Certes, M. Hollande est extrêmement impopulaire, mais les autres le sont aussi, y compris le Pen, quand on regarde de près les enquêtes d’opinion, que 70% des Français ne supportent pas.

4) La personne de M. Hollande n’est pas l’essentiel pour les Français. Elle l’est pour les politiciens nombriliste qui ne voient la politique qu’à travers le jeu des batailles d’ambitions personnelles. Le problème fondamental n’est pas M. Hollande en lui-même, son visage, sa voix, son personnage,  mais toute une époque qu’il incarne désormais: la politique en général qui fuit le monde des réalités et privilégie celui de la communication, les déclarations démagogiques, les scandales, les petites phrases, les polémiques, la frime, les postures, l’émotion, la folie carriériste, les coups de menton et les opérations médiatiques.  C’est avec cette vision de la politique qu’il faut en finir. Elle n’est pas le propre de M. Hollande. Et rien ne prouve qu’un éventuel départ de M. Hollande de l’Elysée mettra fin à cette conception éthérée et méprisante, pour la France profonde, de la politique. M. Hollande peut fort bien se poursuivre, quasi intégralement, sans M. Hollande.

5) Au fond, ce n’est pas seulement 2017 qui compte, mais 2022. Si la droite prend le pouvoir en 2017 et se montre lâche, nulle, déchirée pendant cinq ans, comme elle en prend le chemin en ce moment,  les socialistes, les mêmes qu’aujourd’hui, reviendront en 2022. Et pourquoi pas, qui sait, l’opinion est tellement versatile, instable, et elle a la mémoire si courte, M. Hollande lui-même en « recours », tout simplement.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction