Histoire: les accords de Munich, 30 septembre 1938

A la suite  de sa nomination comme chancelier de l’Allemagne, le 30 janvier 1933, Adolf Hitler multiplie les coups de forces contre les démocraties, suivant à la lettre le projet qu’il avait annoncé dans son livre écrit en prison, Mein Kampf.  Bafouant le traité de Versailles, en 1934, il rétablit le service militaire en Allemagne. Toujours en violation avec l’une des clauses essentielles de ce traité de paix, l’armée allemande occupe la Rhénanie démilitarisée en mars 1936, menaçant directement la France. Le gouvernement radical d’Albert Sarraut, n’ayant pas le soutien de l’Angleterre, refuse d’intervenir – alors que l’armée française est encore à l’époque en forte supériorité – et se contente de protestation. En mars 1938, Les nazis annexent l’Autriche (l’Anschluss), sans plus de réaction des démocraties qui ferment les yeux.

Puis, Hitler réclame en septembre 1938 l’autodétermination pour les 3,2 millions d’Allemands qui peuplent la région des monts Sudètes, en Tchécoslovaquie. Le Royaume-Uni et la France sont engagés, par des traités, à défendre l’intégrité territoriale de ce pays.

Le Premier ministre britannique Neville Chamberlain multiplie les gestes d’apaisement envers Hitler et lui rend visite le 15 septembre puis le 22, après avoir persuadé les Tchécoslovaques de la nécessité de trouver un arrangement. Hitler choisit de surenchérir et exige une cession des Sudètes dès le 1er octobre suivant, menaçant d’envahir le territoire à cette date… Chacun craint le pire.

Le 28 septembre, alors que la guerre est imminente, le Duce italien Mussolini propose une conférence internationale de la dernière chance… en l’absence des principaux intéressés, les Tchécoslovaques. Dès le lendemain 29 septembre, Hitler accueille Mussolini en gare de Munich. Le Britannique Chamberlain et le président du Conseil Français (Premier ministre) Edouard Daladier, arrivent chacun de leur côté en avion.

Daladier et Chamberlain acceptent un «compromis» présenté par Mussolini par lequel le gouvernement de Prague est tenu d’évacuer les Sudètes dans les dix jours et de démanteler ses forteresses de la frontière…Dès le lendemain, l’armée allemande pénètre en Tchécoslovaquie et annexe les Sudètes. Hitler rectifie de son propre chef les frontières du pays en attendant de le conquérir tout entier.

A sa descente d’avion, Neville Chamberlain, n’hésite pas à affirmer que le Führer «est un homme sur qui l’on peut compter lorsqu’il a engagé sa parole».

La France est gagnée par une vague d’euphorie. Une foule gigantesque accueille Daladier au Bourget. Dans les rues de Paris, sur la place de la Madeleine, rue Royale, place de  la Concorde, et sur les Champs Elysées, des dizaines de milliers de Parisiens, convanincus que la paix est sauvée, se pressent pour acclamer le président du Conseil à son passage. La presse est unanime pour approuver les accords. L’ensemble des journaux, de toutes tendances, de l’extrême gauche à l’extrême droite, titrent « la paix ! » Paris-Soir tire à deux millions d’exemplaires et lance une souscription pour offrir une « Maison de la paix à Chamberlain ».

La classe politique soutient, à sa quasi-unanimité les accords de Munich. Daladier annonce le 4 octobre à la Chambre: « Aujourd’hui, je peux vous dire que dans cette crise, nous avons sauvé la paix. » Léon Blum, chef du parti socialiste, approuve les accords de Munich: « Tout entier, le groupe participe aux sentiments qui animent d’ailleurs l’unanimité de la Chambre: une joie profonde quand il considère que le peuple de notre pays a été délivré d’une catastrophe dont l’imagination même ne parvient pas à se représenter l’horreur. » La gauche, la droite, le parti radical (le centre) votent la ratification des accords presque à l’unanimité. L’Action française de Charles Maurras (royaliste et nationaliste) soutient le compromis. L’ensemble des courants d’extrême droite se montre particulièrement euphorique et encense Daladier. Le parti communiste, en revanche s’y oppose, dans un réflexe d’alignement sur l’URSS de Staline.

A cette exception près, à la Chambre une seule voix dissidente, une seule,  s’exprime contre le consensus général, celle d’un homme de droite modérée, Henri de Kérillis, journaliste à l’Echo de Paris, absolument seul contre tous. Ce dernier fustige le climat de lâcheté générale; visionnaire, persuadé que cette concession n’évitera pas la guerre, il exige le respect de la parole de la France envers la Tchécoslovaquie et réclame une intervention militaire immédiate, contre l’Allemagne nazie , qui ne cesse de gagner du temps pour se renforcer militairement. «Ils ont accepté le déshonneur pour éviter la guerre. Ils auront le déshonneur et la guerre», résume de son côté Winston Churchill.

En effet, aussitôt les accords signés, en violation de ses engagements, Hitler convoque à Berlin le président tchèque et le somme de «remettre en pleine confiance entre les mains du Führer le destin du peuple et du pays tchèques» sous peine de réduire Prague en cendres. Puis, 15 mars 1939, l’armée allemande occupe sans combat la Bohême-Moravie, la Slovaquie devient un pays indépendant mais vassal du Reich. Aussitôt après, le Führer se retourne contre la Pologne et après maintes et maintes nouvelles capitulations des démocraties, et la signature du pacte Molotov/Ribbentrop par lequel l’Allemagne s’entend avec l’URSS pour se partager les dépouilles de la Pologne, écrase ce pauvre pays en septembre 1939, dont 20% de la population sera exterminée. La deuxième guerre mondiale est déclenchée…

Maxime TANDONNET

 

Sources : Histoire des relations internationales, Jean-Baptiste Duroselle

 

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Author: Redaction