Fascination morbide

971626-1150255"Notre pays peut se défaire et se donner à Marine Le Pen", a déclaré Manuel Valls, ce samedi 14 juin devant le conseil national du parti socialiste. Même si ce n’est pas nouveau, je trouve regrettable qu’un Premier ministre parle devant son parti. Il est au service de la France, pas d’une formation politique. La France, dans l’histoire, même "défaite", même au fond de l’abîme, ne se donne jamais à n’importe qui. Le 18 Brumaire, elle se donne à Bonaparte, général en pleine gloire, victorieux en Italie. En octobre 1917, elle se donne à Clemenceau, mais ce dernier avait été auparavant un grand président du Conseil au début des années 1910. Le 30 mai 1958, elle se donne à de Gaulle, auteur de l’appel du 18 juin et chef de la Résistance. Même le 17 juin 1940, quand elle se donne en pleine débâcle – malencontreusement – à Pétain, ce dernier est à ses yeux "le vainqueur de Verdun". Et quand elle fut à deux doigts de se donner au général Boulanger, en 1888, ce dernier avait été auparavant un excellent ministre de la Guerre, soutenu par les radicaux-socialistes. C’est bien mal connaître la France et la sous estimer que d’imaginer qu’elle pourrait se "donner" à un simple chef de parti sans autre titre de gloire que celui-là, et qui plus est, héritier de sa position. Les dirigeants aiment bien répandre un parfum d’apocalypse, cela permet d’oublier les problèmes de l’heure. Et puis, une France "se donnant" au fn, n’est-ce pas l’expression du rêve profond de toute une partie de la nomenklatura de gauche: voici enfin la preuve de la France telle qu’ils la voient au fond et la considèrent. Moi je pense qu’il est exclu que le fn arrive un jour au pouvoir: son image est éternellement inacceptable pour 70 à 80% des Français. S’il avait dû percer, dans le climat de décomposition actuelle, ce parti qui existe depuis quarante ans, serait à 40% du corps électoral au moins (score du RPF en 1947) et non à environ 10% comme aux dernières élections européennes. Il est des histoires, des paroles, des attitudes, des déclarations qu’un peuple n’oublie jamais. Le phénomène de "dédiabolisation" n’est qu’une invention médiatique à laquelle adhère avec bonheur toute la presse gauchisante. Le fn n’existe que par la bêtise et la lâcheté du camp des républicains modérés. Rien de durable ne peut se bâtir sur la crétinerie ou la couardise des autres. Enfin, j’en ai vraiment marre de la soupe au fn, de ces médias, commentateurs, politicards, journalistes, débatteurs, pseudo-intellectuels qui ne parlent que de lui du matin au soir, comme sous l’effet d’une fascination morbide et d’un calcul secret celui de la disparition de l’opposition républicaine. Mais c’est bien ce que je suis en train de faire me direz-vous (parler du fn)! Certes, mais je voulais répondre à la petite phrase de Valls qui m’a exaspéré. Maintenant, j’arrête d’en parler.

Maxime TANDONNET

 


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Author: Redaction