Encouragé par Robert Badinter et soutenu par l’administration pénitentiaire, le projet de Bettina Rheims a fait le choix d’une absence de décor. Un tabouret et un simple mur blanc constituaient le studio de la photographe. Les femmes volontaires s’y installaient après un temps d’échanges. « Je ne voulais pas que ça ait l’air d’un reportage. Je voulais que la détention se lise dans leurs yeux » précise Bettina Rheims**. De ce dispositif sont nés des portraits sobres qui expriment, tour à tour, la douleur, l’espièglerie, la joie, la force, la colère, le vide, le besoin de séduire, la provocation... « Je pouvais, peut-être, pendant quelques heures, ouvrir une fenêtre et les aider à retrouver quelque chose de cette estime de soi dont elles disaient pour beaucoup qu’elles l’avaient perdue, qu’on ne les regardait pas, qu’elles avaient le sentiment de ne plus être des femmes. » Avec ces portraits émouvants, singuliers et qui respectent la dignité de ces femmes, Bettina Rheims a sans doute réussi son pari. Chaque modèle, dont on ne connaît rien du passé judiciaire, a reçu un tirage ainsi que le livre « Détenues » paru chez Gallimard.
Infos pratiques
- Château de Vincennes du 9 février au 30 avril 2018 - http://www.chateau-de-vincennes.fr/
- Château de Cadillac du 1er juin au 4 novembre 2018 - http://www.chateau-cadillac.fr
* Le projet a été mené à Lyon-Corbas, Poitiers-Vivonne, Rennes et Roanne dans le cadre d’une convention avec la Direction de l'administration pénitentitiaire.
** Fondation M6, entretien avec Nathalie Renoux.