Discours à la mairie de Clermont-Ferrand – Séquence « ville apprenante » de l’UNESCO

Discours de Bernard Cazeneuve, Premier ministre,Séquence « ville apprenante » de l’UNESCO Mairie de Clermont-Ferrand, vendredi 6 janvier 2017

(Seul le prononcé fait foi)

Madame la ministre,
Monsieur le préfet,
Monsieur l’ambassadeur, représentant permanent de la France auprès de l’Unesco,
Monsieur le maire,
Madame le recteur,
Monsieur le président de la commission française pour l’Unesco,
Mesdames, Messieurs,

Clermont-Ferrand est une ville qui repose sur un paradoxe.

Riche de son histoire et de son patrimoine – comme le montrent la statue de Vercingétorix de BARTHOLDI ou encore sa magnifique cathédrale –, Clermont-Ferrand est aussi la ville de la modernité.

Cette modernité a été associée autrefois à l’aventure industrielle de la manufacture MICHELIN, qui a profondément transformé votre ville.

Cette modernité, elle s’incarne aujourd’hui dans le pari qu’a fait Clermont-Ferrand de devenir une « ville apprenante » du réseau UNESCO, aux côtés de villes telles que Tunis, Mexico, ou encore Pékin.

Etre une « ville apprenante », c’est promouvoir l’éducation de nos concitoyens, stimuler la recherche, transmettre des valeurs à nos enfants.

Cela exige de tisser des partenariats avec les acteurs de l’éducation nationale, des universités, des réseaux de l’éducation populaire, comme avec les associations, dont je salue l’action.

Clermont-Ferrand est à ce jour l’unique ville française à s’inscrire dans le réseau UNESCO des « villes apprenantes ». Espérons qu’elle fasse école !

Cette inscription était en tout cas bien méritée car la ville de Clermont-Ferrand est une bonne élève.

C’est d’abord une ville jeune, qui compte près de  40.000 étudiants. C’est aussi un pôle dynamique de l’enseignement supérieur et de la recherche, avec l’Université Clermont-Auvergne, née de la fusion récente de l’Université d’Auvergne et de l’Université Blaise Pascal, et des écoles telles qu’AgroParis Tech. Clermont-Ferrand compte ainsi près de 6000 chercheurs en activité dans les secteurs public et privé.

C’est en outre une ville où la culture est mise à l’honneur, avec plusieurs musées, un  centre d’art contemporain, de nombreuses bibliothèques et médiathèques. Une ville où l’on célèbre la musique, avec l’Orchestre d’Auvergne, aussi bien que le cinéma, avec le Festival international du court métrage. Une ville candidate au patrimoine mondial au titre de « la chaine des puys – faille de limagne » dont le projet d’inscription avancera courant 2017.

Cette effervescence culturelle justifie pleinement la candidature de Clermont-Ferrand comme capitale européenne de la culture à l’horizon 2028. Nous lui souhaitons de suivre brillamment les traces ouvertes par Lille et par Marseille.

Ce que traduit cette candidature, tout comme l’inscription de Clermont-Ferrand dans le réseau UNESCO des « villes apprenantes », c’est bien sûr la volonté, partagée par ses élus et par ses habitants de construire le « Grand Clermont », de faire de Clermont-Ferrand la métropole phare du centre de la France. Mais c’est aussi l’ambition de bâtir une « ville-monde ».

Et ce que nous disent les « villes apprenantes », c’est que l’éducation est une chance dans la mondialisation.

L’éducation est d’abord un atout décisif pour le développement économique des métropoles dans un contexte où la compétition s’est accrue.

Une ville où les citoyens sont bien formés, qui dispose d’un réseau solide d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche, est une ville qui attire les investissements et les emplois.

Il s’agit donc de susciter des partenariats entre ces institutions pour renforcer leur attractivité et valoriser leurs atouts. C’est le cas à Clermont-Ferrand avec le projet E-FRAN des « Territoires éducatifs d’innovation numérique », qui rassemble autour du numérique des laboratoires de recherche, des équipes universitaires et des grandes entreprises comme ALMERYS et MASKOTT, mais aussi de jeunes start-up.

Les Campus des métiers et les Instituts CARNOT d’éducation ajoutent encore à l’efficacité de ce dispositif.

Dans les jours qui viennent sera signée la convention entre l’Etat et l’association Auvergne-Rhône-Alpes des métiers de l’industrie pour le projet « Campus entreprises » de Clermont-Ferrand, qui sera financé à hauteur de 9 millions d’euros dans le cadre du programme des investissements d’avenir. Ce campus aura pour mission de former nos jeunes aux métiers de l’industrie.

L’éducation constitue aussi une chance pour le développement durable.

Et la « ville apprenante » contribuera donc à l’édification de la ville durable. En garantissant une éducation de qualité pour tous, le réseau UNESCO des « villes apprenantes » vise en effet à rendre nos villes durables, résilientes et sûres.

Là encore, la ville de Clermont-Ferrand se distingue avec sa politique d’habitat durable, et notamment avec l’EcoCité Clermont Métropole.

L’éducation doit encore contribuer à bâtir une citoyenneté mondiale.

La citoyenneté mondiale, cela ne consiste  pas à renier notre citoyenneté nationale ; mais à prendre davantage conscience de qui nous relie aux citoyens d’autres pays et à avancer, pas à pas, vers une fraternité universelle. Cela consiste à défendre les valeurs universelles issues de la Révolution française, que l’ONU et l’Unesco ont inscrites dans des textes solennels.

Et cela, la ville de Clermont-Ferrand l’a bien compris. C’est pourquoi elle a décidé de créer un Observatoire de la citoyenneté mondiale.

Enfin, votre ville a conçu de multiples projets d’action éducative, en partenariat avec nos territoires, mais aussi avec des institutions européennes et internationales.

Il y a tout d’abord des projets qui assurent la scolarisation de tous nos enfants, comme le réseau des collèges et écoles scolarisant les enfants du voyage. Votre ville est à l’avant-garde du combat pour l’égalité d’accès des enfants à l’Ecole.

Il y a en outre des projets qui visent à démocratiser l’accès à l’enseignement supérieur, notamment pour les élèves des établissements de l’éducation prioritaire.

Il y a des projets qui visent à faire de nos élèves des citoyens responsables, notamment à travers la formation de lycéens comme « ambassadeurs de la lutte contre le harcèlement ».

D’autres projets tirent parti des technologies numériques pour désenclaver les écoles situées dans des territoires ruraux. C’est le cas du projet « Ecoles Eloignées en Réseaux », qui concerne déjà plus de 2000 élèves.

Tous ces projets généreux et ambitieux contribuent au dynamisme de la métropole de Clermont-Ferrand.  Celle-ci peut être fière de s’inscrire dans un réseau mondial, celui des « villes apprenantes », qui ne cesse de s’étendre depuis sa création en 2015 et qui compte aujourd’hui plus d’une centaine de villes dans près d’une quarantaine de pays.

Cette aventure auvergnate nous montre que la mondialisation peut être une source de bienfaits lorsqu’elle sert à bâtir des ponts entre les villes et leurs habitants, lorsqu’elle nous incite à donner le meilleur de nous-même et à prendre conscience des valeurs communes qui unissent les hommes.

Cet esprit, c’est celui du système des Nations-Unies et c’est donc celui de l’Unesco, qui comme aimait à le dire Léon Blum est la conscience des Nations-Unis

C’est aussi, je crois un des traits de cette ville, de cette région et de leurs habitants, qui se sont signalés depuis des siècles par leur goût des voyages, par leur passion du savoir et de la paix. Je pense à ces grandes figures que furent Blaise PASCAL et Michel de L’HOSPITAL et je vous félicite d’être leurs dignes héritiers.

Je vous remercie.

Author: Redaction