Discours d’inauguration du Centre hospital régional d’Orléans

Seul le prononcé fait foi

Madame la Ministre,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Député-maire,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président de la région Centre-Val-de-Loire,
Monsieur le président du Conseil départemental,
Madame la Directrice générale de l’Agence régionale de santé,
Madame la Présidente de la Commission médicale d’établissement,
Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs,
Les inaugurations sont toujours des moments très particuliers et je mesure aujourd’hui par l’importance de votre présence, par la qualité des intervenants qui m’ont précédé, par la force aussi de leur investissement collectif dans la réalisation de ce projet, la dimension très symbolique que revêt cet instant pour toutes celles et tous ceux qui sont à l’origine de ce projet d’hôpital pour ceux qui l’ont pendant des années et des années accompagné de leur volontarisme comme pour ceux qui ont attendu avec impatience de le voir ouvrir ses portes en octobre 2015, qu’il s’agisse des professionnels de la santé qui y travaillent, des habitants du Loiret ou des élus qui sont ici nombreux.
Et je suis particulièrement heureux d’être parmi vous qui avez beaucoup donné pour que cet hôpital devienne une réalité, heureux d’être auprès d’élus de toutes sensibilités politiques qui se sont engagés si j’ai bien compris, collectivement pour la réalisation de cet établissement, heureux d’être aux côtés de fonctionnaires qui, année après année, ont agi avec le souhait de voir toujours prévaloir l’intérêt général et la continuité de l’action publique, heureux aussi de retrouver quelques visages amis – je ne veux en les nommant compromettre personne – mais je me permettrai tout de même de saluer Jean-Louis Bernard avec lequel j’ai été pendant près de 15 ans à la Commission de la Défense de l’Assemblée nationale, ce qui nous donnait assez peu l’occasion de parler de médecine, sauf lorsqu’il s’agissait du service de santé des armées auquel il était particulièrement attaché.

Je suis également très fier d’être ici pour des raisons qui tiennent à cette magnifique réalisation, à ce qu’elle représente pour l’Etat, pour les collectivités territoriales en termes d’ambition : celle d’une politique de santé publique qui soit au service de tous, qui ne trie pas selon les moyens des patients ni selon le lieu où ils résident ; une politique de santé qui tire partie des avancées de la science et de la technologie tout en reconnaissant bien entendu la part prépondérante qui revient au personnel soignant dans la qualité des soins reçus à l’hôpital. Et ce que nous venons de visiter ensemble – les services, la présentation par les médecins et les personnels soignants de ce qu’est l’étendue de leur engagement et de ce qui est aussi l’étendue des équipements qui sont mis à leur disposition – témoigne de la force de l’esprit de service public qui préside toujours à l’engagement des personnels hospitaliers. Et nous avons pu avec la ministre Marisol Touraine le constater dans les moments les plus tragiques auxquels notre pays a été confronté.
Lorsque nous avons dû faire face en 2015 et en 2016 aux terribles attentats qui ont endeuillé notre pays, attentats qui ont fait des blessés en nombre, nous avons eu souvent l’occasion avec la ministre de la Santé, de visiter les hôpitaux, de voir combien était grand le dévouement de ceux qui se battaient heure après heure, ne laissant rien au hasard, utilisant chaque instant pour sauver des vies après que notre pays avait été frappé par le terrorisme. Et j’ai eu souvent l’occasion comme ministre de l’Intérieur par le passé, de dire l’immense admiration que je ressentais pour les policiers, les gendarmes, les personnels de la protection civile qui ont exposé à plusieurs reprises leur vie pour sauver celles de nos concitoyens mais cette admiration n’a d’égale que celle que j’ai éprouvée, ressentie dans ces mêmes moments, lorsque j’ai vu des personnels hospitaliers, nuit et jour, s’engager, travailler pour essayer de sauver la vie de ceux qui avaient été blessés par la barbarie terroriste.
Alors je voudrais profiter – je n’avais pas eu l’occasion de le faire parce que mes fonctions ne m’y autorisaient pas ou ne m’y prédestinaient pas – d’être ici dans un hôpital où il y a beaucoup de personnels soignants pour vous dire à toutes et tous l’immense gratitude, l’immense reconnaissance que j’éprouve pour le travail que vous avez accompli dans ces circonstances particulières où notre pays se trouvait et vous dire aussi qu’aucun mot n’est suffisamment fort pour exprimer l’étendue de cette reconnaissance et de cette gratitude.
Je suis venu ici aussi parler aux côtés de la ministre Marisol Touraine de ce que doit être une politique d’investissement dans la santé pour un grand pays comme le nôtre, qui concilie ambition – il faut de l’ambition, vous en avez et cette réalisation en témoigne – gestion rigoureuse de l’argent public à travers une meilleure mutualisation des moyens à l’échelle des territoires. Et à tous égards, cet hôpital constitue une formidable opportunité d’améliorer sur votre territoire l’offre de soins en raison de sa conception d’abord, en regroupant des activités en un seul site, en faisant appel aux techniques les plus innovantes pour améliorer les conditions de travail des professionnels ; cet hôpital assure une meilleure prise en charge de chacun de ses patients.
Conçu d’emblée comme un bâtiment extensible, cet hôpital pourra demeurer à la pointe de l’innovation et prendre en compte les progrès de la médecine – je pense notamment au développement rapide de la médecine et de la chirurgie ambulatoire. Comme j’ai pu le constater au cours de la visite que nous venons d’effectuer, les urgences, le plateau technique lourd sont dotés désormais des équipements les plus modernes et cet hôpital bénéficie aussi des dernières technologies logistiques – vous les avez évoquées tout à l’heure – qui permettent d’alléger certaines tâches des personnels soignants et de renforcer ainsi considérablement leur présence auprès des patients.

Enfin la préservation de l’environnement constitue désormais un autre enjeu majeur de santé publique auquel là aussi répond parfaitement cet hôpital qui a obtenu la certification haute qualité environnementale.
Nous sommes donc dans un établissement qui profitera à tous les habitants du Loiret, grâce aussi à la recomposition de l’offre de soins qu’il entraîne. Le centre hospitalier régional d’Orléans est l’établissement support du groupement hospitalier du Loiret mis en place avec les autres groupements hospitaliers de territoires dans le cadre d’une réforme importante voulue par la ministre Marisol Touraine et votre hôpital intervient à ce titre en appui du centre hospitalier de Pithiviers, tant dans le cadre du projet périnatal que de la biologie et des urgences. Cette amélioration de l’organisation des soins, c’est le sens de la réforme que vous avez mise en place, Madame la Ministre, car ce nouvel hôpital jouera pleinement son rôle territorial en coopérant avec le centre hospitalier universitaire de Tours et ce, nous le souhaitons, au bénéfice de toute la région Centre Val-de-Loire. En apportant 700 millions d’euros – ce n’est pas rien – à la réalisation de ce projet, l’Etat, tous gouvernements confondus si j’ai bien compris vos propos, a consenti un investissement important au bénéfice de tous les habitants du Loiret ; il accompagne cet effort dans la durée à hauteur d’ailleurs de 25 millions d’euros chaque année.
Cette remarquable réussite que nous consacrons aujourd’hui fait de cet hôpital un symbole du service public et aussi un symbole de sa capacité à se moderniser et je voudrais insister sur le fait, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, que l’hôpital est l’un des piliers de notre pacte social, de notre protection sociale ; l’hôpital consacre le droit de tous à un égal accès aux soins et les Français, vous le savez, sont particulièrement attachés à ce modèle de protection sociale. Et c’est la raison pour laquelle nous devons tout faire pour maintenir l’équilibre de nos comptes sociaux pour assurer la pérennité du fonctionnement du service public hospitalier. Et nous devons là aussi faire preuve d’une grande lucidité. La gestion rigoureuse des comptes sociaux, elle s’imposera à tous les gouvernements au cours des prochaines années, quels qu’ils soient. Je remarque d’ailleurs, pour avoir un peu de longévité politique désormais, que ceux qui sont en situation de responsabilité politique, selon qu’ils sont dans la majorité ou dans l’opposition, tiennent sur la gestion des comptes publics et notamment des comptes sociaux, des discours différents selon l’époque où ils se trouvent et je pense que la responsabilité publique voudrait qu’on tienne un discours constant sur des sujets aussi essentiels qui renvoient à ce qu’il y a de plus fondamental, c’est-à-dire à la capacité d’un grand pays comme le nôtre de maintenir un dispositif de santé publique et de protection sociale qui soit à la hauteur des ambitions non seulement des personnels eux-mêmes mais des patients qui sont soucieux de voir maintenue l’égalité d’accès aux soins.
Et donc je veux vous dire ici – je sais que peut-être ce propos heurtera-t-il quelques oreilles mais il me paraît correspondre à la vérité et je n’entends pas dans la responsabilité qui est la mienne céder quoi que ce soit à la vérité sous prétexte qu’il y a un calendrier électoral – il y aura dans les années qui viennent une nécessité d’être rigoureux dans la gestion des comptes publics et notamment dans la gestion des comptes sociaux ; ne pas le reconnaître, c’est dire à ceux qui attendent beaucoup de notre système de soins, des choses contraires à ce que la réalité nous dit. Et c’est pourquoi nous avons oeuvré, ce gouvernement – enfin quand je dis « ce gouvernement », je veux parler des gouvernements qui se sont succédé au cours des cinq dernières années – pour réduire le déficit du régime général de la Sécurité sociale ; il avait atteint un niveau significatif en 2010 de 23 milliards ; il était encore de 17 milliards en 2011 et il est ramené à 400 millions d’euros en 2017, soit quelques efforts pour le ramener à l’équilibre et ce pour la première fois depuis 2001. En outre, la Sécurité sociale, vous le savez, se désendette depuis 2015, si bien que sa dette sera cette année inférieure de 8 milliards à son niveau de 2011.

Ce retour à l’équilibre des comptes est le résultat de réformes multiples et ces réformes ont été conduites dans le strict respect des principes fondateurs de notre Sécurité sociale. Je sais que l’hôpital y a largement contribué, vous-mêmes, les personnels hospitaliers et vous devez en être fiers car ces résultats démontrent que la renonciation à notre modèle de protection sociale n’a rien, absolument rien d’un sacrifice inéluctable et qu’il est possible d’articuler la maîtrise des comptes publics au confortement du service public hospitalier. Et d’ailleurs il y a une sorte de grâce ici à Orléans, c’est la grâce du début de l’année, des bonnes résolutions prises par tous quelle que soit leur sensibilité politique puisqu’en attendant les parlementaires de l’opposition, j’avais l’impression qu’ils faisaient écho à un certain nombre de préoccupations qui peuvent être exprimées par les membres du gouvernement ou d’autres acteurs politiques lorsqu’ils s’interrogent sur les conséquences que pourrait avoir la réduction des efforts que nous pourrions faire en matière de dépenses de santé, qu’il s’agisse des efforts faits pour conforter les hôpitaux ou des efforts faits pour assurer le remboursement des médicaments de ceux qui ont le plus besoin de l’accès aux soins. Mais ici à Orléans, je constate que tous les parlementaires de toutes sensibilités, sont sur la même ligne et c’est une excellente nouvelle et je les incite à y demeurer longtemps parce que c’est une condition pour que notre système de santé puisse trouver au cours des années qui viennent les ressources dont il a besoin car le service public mérite plus que jamais d’être défendu parce qu’il assure aux habitants de ce pays la protection à laquelle ils ont droit et je veux rendre hommage aux professionnels de santé, aux services de secours encore une fois, qui se sont beaucoup mobilisés au cours des derniers mois pour donner une très belle image du service public. Je veux saluer le dévouement quotidien de tous ceux qui dans nos hôpitaux assurent la réalité du service public, conformément aux principes qui le définissent : la non sélection des patients, la permanence des soins, la réponse à l’urgence, la recherche permanente de l’excellence dans la qualité des soins offerts. Nous croyons que le service public doit être conforté ; c’était l’objet de la loi de modernisation de notre système de santé qui a rétabli le service public hospitalier en tant que bloc indissociable, engageant pleinement chaque établissement et assurant à tous nos concitoyens un ensemble de garanties concrètes.

Pour assurer, Mesdames et Messieurs, ce service public de qualité, il faut des moyens. Ceux de l’hôpital public ont progressé de 10 milliards au cours des dernières années, en dépit d’un contexte budgétaire dont vous avez conscience les uns et les autres qu’il est particulièrement difficile ; cet effort a permis de financer en France d’autres opérations majeures comme celle-ci qui a été décidé au début des années 2000 et donc vous avez eu raison de souligner, Messieurs les Parlementaires, qu’ils avaient fait l’objet de décisions maintenues année après année, gouvernement après le gouvernement. Il a également permis, cet effort budgétaire, d’assurer l’indispensable modernisation d’hôpitaux qui n’avaient pas tous vocation à être reconstruits et lancé en mai dernier, un nouveau plan d’investissement doté de deux milliards d’euros permettra de poursuivre encore ces efforts. Nous avons souhaité également que des moyens supplémentaires soient affectés aux personnels hospitaliers. Depuis 2012, ce sont 31.000 postes de soignants qui ont été créés ; cette progression a été accompagnée d’une revalorisation amplement méritée des rémunérations – les agents de catégorie C ont bénéficié d’une augmentation nette de 780 euros par an entre 2014 et 2015 ; s’agissant des personnels infirmiers, la revalorisation intervenue en juillet 2015 a également permis d’augmenter leur rémunération dans des proportions variables selon leur ancienneté et leur niveau de spécialisation. Mais il faut aussi reconnaître, parce qu’il faut tout dire, que les réformes hospitalières successives ont profondément modifié l’organisation territoriale de l’offre de soins ainsi que le financement et la gouvernance interne des établissements et ce faisant, il ne s’agissait pas de répondre à des objectifs comptables mais d’adapter l’hôpital aux nouveaux modes de prise en charge comme le développement de la médecine et la chirurgie ambulatoire ainsi que de l’hospitalisation à domicile. Mais ces évolutions, ces transformations, ces lignes de modernisation ont pu engendrer dans les hôpitaux des ruptures et des souffrances au travail qu’il faut avoir à l’esprit si nous voulons non seulement avoir de beaux établissements mais être capables dans ces établissements d’entendre les personnels et de les accompagner dans l’exercice de leurs responsabilités professionnelles, de telle sorte à ce qu’ils puissent accomplir leur mission dans de bonnes conditions.

L’hôpital doit également se moderniser pour intégrer l’essor de la télémédecine, le partage des systèmes d’information, afin que tous les professionnels – et j’ai vu que c’était le cas ici également à Orléans – aient d’accès aux données de leurs patients quel que soit le lieu de prise en charge. Parce que l’innovation en santé est un enjeu crucial, le gouvernement a facilité le financement de l’accès aux technologies innovantes. Après la validation de leur efficacité, c’est l’assurance maladie qui assure désormais leur remboursement. Ce dispositif est particulièrement nécessaire pour le médicament car en l’absence d’alternatives thérapeutiques, l’accès précoce aux médicaments innovants est essentiel. Nous avons donc soutenu budgétairement les hôpitaux pour qu’ils puissent délivrer malgré leur coût élevé certaines nouvelles molécules comme les nouveaux traitements contre l’hépatite C ou contre le cancer.
L’innovation, c’est aussi le numérique avec le programme Territoires de soins numériques, qui a fait l’objet d’un investissement de près de 80 millions d’euros sur la période 2014-2017 afin que tous les bénéfices des nouvelles technologies pour le patient puissent être tirés et pour renforcer la coordination entre les professionnels de santé. Enfin, la santé doit être aussi, vous l’avez souligné en exprimant vos préoccupations Mesdames et Messieurs les Elus, tout au long de cette visite et vous-mêmes, Messieurs les députés, à l’occasion de prises de parole, la santé doit se décliner avec le souci, vous avez raison de le dire, de la proximité. C’est la raison pour laquelle la loi de modernisation de notre système de santé a créé les groupements hospitaliers de territoires, qui amènent, comme c’est le cas dans le Loiret, les hôpitaux à coopérer autour d’un projet médical partagé tout en préservant autant que faire se peut et parce que c’est souhaitable leur autonomie et leur spécificité.
Le gouvernement continuera à être attentif aux préoccupations légitimes qu’expriment les personnels hospitaliers et parce que, je le redis, ces réformes affectent l’organisation du travail, elles peuvent être source d’inquiétude et de souffrance au sein des équipes et la stratégie nationale pour l’amélioration de la qualité de vie au travail à l’hôpital que la ministre a présentée le 5 décembre dernier, a pour objet d’accompagner les équipes, d’aider les personnels à mieux concilier leur vie professionnelle et leur vie privée, de mieux prévenir les risques psychosociaux.

Voilà Mesdames et Messieurs, ce que je voulais évoquer aujourd’hui à l’occasion de cette inauguration à Orléans. Je sais que nous sommes ici sur un territoire qui a une culture et une certaine approche des questions essentielles avec des élus de sensibilités différentes mais qui ont un esprit d’ouverture, une volonté sur toutes les questions essentielles de trouver des bons compromis, de faire aboutir les dossiers les plus importants, avec la volonté de dégager les meilleurs financements et de trouver des solutions les plus opportunes. Et je remercie donc l’ensemble de ceux qui se sont engagés sur ce chemin pour faire en sorte que cette réalisation puisse voir le jour. Et je voudrais conclure mon propos en redisant ce que j’exprimais tout à l’heure au début de mon intervention : nous sommes dans un contexte budgétaire qui s’est amélioré mais qui demeure fragile et qui implique que nous puissions au cours des prochaines années, encore une fois, faire les efforts nécessaires de gestion pour garantir l’efficacité de notre système de protection sociale, de notre service public de santé et de le faire, comme cela est le cas visiblement ici, dans un dialogue étroit avec les organisations syndicales et de compréhension, de sens du service public, de sens de l’intérêt général et je voudrais vous remercier collectivement, représentants des organisations syndicales, personnels soignants, médecins, direction de l’hôpital, élus, pour avoir réussi dans cette ville d’Orléans à faire vivre après l’avoir conçu un projet qui porte une telle ambition et qui est un projet dont je suis convaincu que dans les années qui viennent, il permettra de décliner selon les modalités de l’excellence, une ambition médicale pour le service public de soins sur ce territoire qui attendait cet hôpital depuis longtemps et qui aujourd’hui le voit ouvrir avec bonheur.
Merci à tous.
Discours d’inauguration du Centre hospital régional d’Orléans

Author: Redaction