Des idées et des hommes

Voici une phrase intéressante, lue dans le Figaro du 17 août: «Notre famille politique va très mal», s’inquiète Georges Fenech. «Nous n’avons plus de père naturel fondateur», relève-t-il, regrettant la mise en retrait de Nicolas Sarkozy, François Fillon ou encore Alain Juppé. Or «pour exister toutes les idées doivent être incarnées», juge-t-il. Voici un point de vue que je ne partage pas. La crise des Républicains n’a pas pour origine l’absence d’un leader incontestable. Elle vient des profondeurs: ils ne savent plus qui ils sont, où ils vont et ce qu’ils pensent. Avant de chercher un homme ou une femme, un chef, il leur faut une ligne. Seules comptent les idées et une fois qu’elles sont connues intervient le choix des personnes chargées de les mettre en œuvre. Le culte de la personnalité est le signe, soit de l’extrémisme totalitaire, soit du néant et de l’absence de projet. Rien ne serait plus suicidaire que de se polariser, aujourd’hui, sur la succession de M. Macron en 2022. Que voulons-nous en matière d’impôts, de libération des énergies, de libertés publiques, de dette, d’autorité de l’Etat, de politique migratoire, d’école, de travail, de sécurité, de lutte contre l’islamisme radical et de terrorisme, de transformation profonde de l’union européenne? Si la position est la même que celle d’En Marche, les Républicains, en tant que parti, n’ont plus aucune raison d’être. Si elle doit être différente, il faut en priorité la penser, la concevoir, la formaliser et la proposer aux Français dans le cadre d’une réflexion collective. L’idée d’un président de « droite » en 2022 destiné, avec sa femme, à fanfaronner à son tour sur le perron de l’Elysée et sous les caméras de télévision m’est insupportable. La personnalisation excessive du pouvoir, l’histoire récente et l’expérience en cours le prouvent, est synonyme d’impuissance, d’inefficacité, de renoncement et de crise de confiance. La question n’est pas de faire émerger une nouvelle idole. Etre soi-même consiste à rejeter toute tentation idolâtre, qu’elle soit sur le modèle lepeniste, celui d’en Marche ou gauchisante. Le camp des républicains modérés doit impérativement se mettre au travail et refonder la politique autour des seules idées, de la notion de vérité et d’action au service uniquement de l’intérêt général. Le choix des hommes et des femmes appelés à les mettre en œuvre ne peut que découler de cette réflexion. Affirmer le contraire, considérer que rien n’est possible sans un « chef » à proposer aux Français, ce serait prendre les gens pour des imbéciles.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction