Crise de la responsabilité

Peut-être que ce qui manque le plus à la France dite « d’en haut », aujourd’hui, c’est le sens de la responsabilité. Il n’en reste qu’une vague notion, complètement oubliée, dont l’abandon est au cœur du désastre français. Que signifie encore le mot « responsabilité »?

Mme …… insulte la « manif pour tous » en dénonçant ses « affinités idéologiques » avec les djihadistes qui ont égorgé, massacré femmes et enfants, anéanti des villages entiers au Moyen-Orient, et tué 250 personnes sur le sol français. Puis elle s’est excusée. L’excuse n’est pas la question. Dans un pays aussi déchiré et meurtri, une personnalité publique n’a pas le droit de proférer de telles insultes qui aggravent encore la division. Dans n’importe quelle démocratie responsable, ce dérapage devrait être sanctionné par une décision politique.

Par ailleurs, dans son discours, le soir même de son élection, le 7 mai 2017, le président déclarait: « Je rassemblerai et je réconcilierai car je veux l’unité de notre peuple et de notre pays« . Or, dans un livre intitulé le Président et le Peuple, qui vient de sortir (étonnante, la propension des deux derniers présidents à se confier dans des livres en plein mandat),  le même parle d’une « gigantesque défaillance collective » à propos de la crise des Gilets jaunes qui exprime le déchirement de la France. Certes,  cette crise à des origines qui remontent à des décennies. Mais lui s’est engagé, il y a deux ans, à « réconcilier le peuple et le pays » tout en assumant un rôle de méga-président ou jupitérien. Il a donc échoué et la responsabilité principale dans cet échec n’est pas collective mais individuelle. Et nous voyons là toute la monstruosité du système français. En tant que chef de l’Etat élu au suffrage universel, il lui est presque impossible de démissionner, (sauf à être un homme d’Etat, une espèce disparue)… Donc, le responsable de la catastrophe est irresponsable de fait, et peut continuer à nuire indéfiniment, à l’abri de toute sanction politique…

Irresponsabilité toujours: le déroulement de l’élection du Parlement européen est hallucinant. Tous les leaders des différents partis politiques, de l’extrême droite à l’extrême gauche, ont renoncé à prendre la tête de liste de leur parti. Ils y ont placé des seconds couteaux, nouveaux venus qui ne leur feront pas d’ombre, des petits jeunes méconnus, censés se débrouiller… Mais quel est le rôle d’un leader politique, sinon d’assumer sa mission, en prenant pour lui la tête de liste d’un scrutin national à la proportionnelle? Il y a deux possibilités: soit ses élections sont considérées comme mineures et alors, il est compréhensible de mettre en tête de liste des débutants sans expérience (voire mieux, ne pas présenter de liste). Mais dans ce cas, il ne faut pas avoir le mauvais goût de se prétendre concerné par « l’Europe », qu’elle soit  fédérale ou « des nations ». Soit le scrutin est considéré comme important. Dès lors, il faut voir dans ce comportement généralisé la lâche et mesquine dérobade de politiciens irresponsables qui ne veulent pas risquer d’écorner leur belle image dans une défaite et compromettre leurs chances de se vautrer un jour à leur tour sous les ors de l’Elysée.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction