Qui a déclaré, « J’ai surtout hâte d’aller à la rencontre des Français pour leur dire merci de vive voix d’avoir voté pour moi. Sans eux, je ne serais pas là. »? Non, ce n’est pas le nouveau président de la République, c’est la nouvelle miss France qui fait partout la une, ce matin, son élection comme événement national écrasant le reste des actualités. Coup d’oeil, hier soir sur TF1 qui passait en revue les candidates. Toutes avaient de belles ambitions: l’une voulait « sauver la planète » face aux menaces environnementales, une autre entendait « promouvoir la cause animalière » et enfin une troisième se déclarait prête à lutter pour sauver le « vivre ensemble« . Miss France ou élection politique? Voilà toute notre époque médiatique: prétention narcissique, dictature de la séduction et de l’émotion, confusion absolue des esprits entre le divertissement et le politique, entre le spectacle et la chose publique, entre l’amusement et le message, entre le futile et le grandiloquent. « J’ai surtout hâte d’aller à la rencontre des Français pour leur dire merci de vive voix d’avoir voté pour moi« ! Quelle différence, aujourd’hui, entre un dirigeant politique au sommet et une miss France? La question mérite d’être posée. Au fond, elle a bien raison notre nouvelle miss France, au point ou nous en sommes… Nous touchons, à travers ce mélange des genres, au paroxysme de l’abrutissement collectif. Grand spectacle ludique et vie politique, mélangés dans un étrange et vénéneux magma. L’incapacité médiatique à différencier l’accessoire de l’essentiel est bien le fruit d’un effondrement intellectuel, le résultat de plusieurs décennies de démission de l’enseignement du français et de l’histoire, que toutes les études sur le niveau scolaire ont mis en lumière, le signe patent de l’abêtissement national et celui d’une ruine de la démocratie.
Maxime TANDONNET
