Claude Shannon, scientifique américain, aurait eu 100 ans le 30 avril 2016

29 avril 2016

L’Arcep souhaite rendre hommage à Claude Elwood Shannon à l’occasion

du centenaire de sa naissance. Peu connu du grand public, cet ingénieur

et mathématicien américain est le père de la théorie

de l’information, qui est au fondement des communications électroniques

modernes, de l’informatique et de l’ensemble du monde numérique.

Shannon suit en parallèle des études en ingénierie électrique

et en mathématiques disciplines dans lesquelles il obtient plusieurs

diplôme dont notamment une maîtrise d’ingénierie électrique

et un doctorat de mathématiques au Massachussetts Institute of Technology

(M.I.T.). Ses débuts sont marqués par la Seconde Guerre mondiale,

pendant laquelle il rejoint les services de chiffrement de l’armée américaine,

où il contribuera à identifier, de manière automatique,

les parties signifiantes dans les messages codés ennemis. Il n’est d’ailleurs

pas le seul mathématicien à avoir ainsi contribué par ses

travaux en cryptologie à la victoire des Alliés et son parcours

est étonnamment comparable à celui du britannique Alan Turing.

Les deux scientifiques se sont d’ailleurs rencontrés lors d’une mission

de Turing aux Etats Unis au début de l’année 1943.

Après la Guerre, la carrière de Shannon se construira principalement

comme chercheur au sein des Bell Labs – centre de recherche et développement

de l’entreprise Bell, célèbre pour son apport dans le secteur

des télécommunications et pour avoir employé plusieurs

prix Nobel – où il restera de 1941 à 1972, mais aussi comme professeur

au M.I.T. où il exercera de 1958 à 1978. Il obtiendra pour ses

travaux de nombreux prix et les honneurs de ses pairs, en particulier la médaille

nationale de la science en 1966 et le prix de Kyoto pour la science de base

en 1985.

Les années quarante voient naître les fondements de l’informatique

et des communications électroniques modernes, portés par des pionniers

comme Alan Turing, John von Neumann ou Norbert Wiener – et leurs recherches

en cryptographie, en informatique et en intelligence artificielle – ou encore

par Bardeen, Brattain et Shockley – inventeurs du transistor électronique.

Claude Shannon est un personnage majeur de cette période : par sa volonté

de réunir mathématiques et ingénierie électrique,

il introduit des principes mathématiques dans les sciences de la communication

qui font encore référence aujourd’hui.

Les apports primordiaux de Shannon concernent deux grands champs de recherche

: la théorisation mathématique de la communication et l’amélioration

des principes d’encodage du signal. Ils se matérialisent notamment par

la publication de son ouvrage de référence : The mathematical

theory of communication. Cet ouvrage, co-écrit avec Warren Weaver et

publié en 1949, a pour fonction première de synthétiser

la connaissance théorique développée avant et pendant la

seconde guerre mondiale sur le sujet, il développe dans un deuxième

temps des principes généraux d’acheminement du signal qui demeurent

encore des références.

Shannon a défini scientifiquement la communication par l’objectif de

" reproduire en un point, soit exactement, soit approximativement, un message

recueilli en un autre point ". Il précise que " souvent les

messages ont un sens (…) [mais] ces aspects sémantiques de la communication

ne sont pas pertinents pour le problème d’ingénierie ". Ces

principes sont encore aujourd’hui constitutifs des communications électroniques

et de leur régulation. L’obligation de respect du secret des correspondances

ou la régulation de la neutralité de l’internet, qui ne permet

pas de discriminer entre les contenus dans l’acheminement du flux, sont des

émanations directes de ces principes.

A travers sa théorie de l’information, il a joué un rôle

prépondérant dans le passage de la technologie analogique à

la technologie numérique, en expliquant que toute information (texte,

image, son…) peut être décrite par une suite d’éléments

binaires, ou bits. Il a également contribué de manière

importante au traitement de ces signaux en définissant plusieurs aspects

de l’échange d’informations via des signaux numériques. Les résultats

de cette théorie sont notamment essentiels pour les algorithmes de compression

des signaux – qui permettent d’acheminer davantage d’informations sur un même

nombre de bits – ou de chiffrement, qui permettent de sécuriser l’échange

de ces données. Ce saut conceptuel a permis d’améliorer significativement

les télécommunications et a contribué à l’émergence

de l’informatique et plus tard d’internet.

La richesse et la variété des travaux de Shannon lui ont par

ailleurs permis de laisser son nom à plusieurs théorèmes

sur la limite théorique de la compression, la capacité d’un canal

de transmission, et l’échantillonnage ; ou encore au prix Shannon, décerné

chaque année pour récompenser les avancées sur la théorie

de l’information. Il est également considéré comme un des

pionniers de l’intelligence artificielle. Ses théories ont inspiré

plusieurs autres domaines de recherche amenant par exemple à l’analyse

de l’ADN selon un code génétique.

© MFO – Auteur : Jacobs, Konrad

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