Avenir de l’opposition républicaine (et de la France)

Voici mes réponses, données à l’occasion d’un entretien croisé avec M. Bruno Jeudy, pour le site Atlantico, concernant l’avenir de l’opposition républicaine – et de la France. Il me semble qu’une course contre la montre s’engage en ce moment. Je doute fort des chances d’un remake de 2017 en 2022. Le modèle du pouvoir en place est extrêmement fragile et précaire. Le pari sur l’image médiatique sublimée, déconnectée de toute base solide dans le pays (élus locaux, parti, France profonde) conduit probablement, en cinq ans, à l’impopularité, à l’usure et au rejet viscéral. Pire: rien ne permet de penser que les grands problèmes du pays (écrasement fiscal, dette publique, communautarisme, immigration illégale, violence, déclin scolaire, pauvreté, chômage de masse) seraient en voie de règlement ou d’amélioration. Il est donc impératif que l’opposition républicaine parvienne à s’organiser en rejetant toute tentation narcissique – qui la conduirait à son tour à l’abîme –  et en se fondant sur le débat d’idées et l’intérêt général du pays. Rien ne serait plus insupportable de bêtise que de vouloir se donner aujourd’hui un candidat à la présidence de la République, qui sera exposé à la vindicte médiatique, à un désastre inévitable, alors que l’expérience montre que la victoire à l’ élection présidentielle se dessine toujours au dernier moment. Et si l’opposition républicaine ne parvient pas à se mettre au travail, et à en donner le sentiment, empêtrée dans ses haines intestines et ivresses de soi, nous aurons en 2022 l’aventure, le chaos, le déchirement et la destruction du pays. La responsabilité qui pèse sur les épaules de l’opposition républicaine, dès aujourd’hui, est colossale.

Maxime TANDONNET

Le parti de Laurent Wauquiez est depuis plusieurs mois dans une situation délicate. Divergences internes, manque de leadership, sondages catastrophiques (Laurent Wauquiez est à 8% dans un sondage Ifop du 18 avril). Quelles conséquences entraîne ce « décrochage » en interne ? Comment un parti comme LR peut-il affronter cette déroute ?

Les causes de cette situation difficile sont multiples. D’abord, elle tiennent au retrait d’une génération de personnalités politique de LR qui n’a pas été remplacée: Nicolas Sarkozy, François Fillon, Alain Juppé… Le vide se fait cruellement sentir. Ensuite, LR subit la conséquence de la recomposition politique. Le président Macron et LREM occupent une place centrale sur l’échiquier politique, à l’image des radicaux-socialistes de jadis, qui séduit la moitié des sympathisants du parti socialiste et la moitié de ceux des Républicains. L’espace de l’équipe dirigeante LR est donc fortement retréci. Entre LREM et le FN, la marge est étroite. Enfin, le plus grave et le plus déterminant tient à l’antipathie des médias envers Laurent Wauquiez. Après une prestation réussie à l’Emission politique en début d’année, le chef des LR a été éreinté, lapidé à la suite de l’enregistrement clandestin de son cours à l’école de commerce de Lyon et de propos tenus en privé. L’occasion était trop belle et nous avons assisté à un lynchage médiatique en bonne et due forme…Passage à tabac, puis effondrement dans les sondages: son compte était bon… Ce décrochage prive LR d’une dynamique interne. Une équipe interne a été désignée pour préparer le « projet », mais pour l’instant, le mouvement est inaudible. Nous ne ressentons aucun effet collectif de mobilisation ou rassemblement autour du leader. Les dirigeants de LR semblent dans l’attentisme et le scepticisme. Le mouvement est pour l’instant privé d’unité, de volonté, d’espérance, « d’envie », comme disait Sarkozy. Oui, il ne faut pas se voiler la face, l’équation politique est extrêmement compliquée.

Quelles sont les répercussions possibles à court terme et à plus long terme sur la vie de ce parti? Notamment dans la perspective des élections municipales, puis européennes ?

LR a des atouts importants en profondeur. Les valeurs du camp des républicains, que LR devrait porter, relatives à l’autorité de l’Etat, la maîtrise de l’immigration, la réduction des impôts et de la dette publique, le renouveau de l’école, la lutte contre le communautarisme, sont largement majoritaires dans le pays. Son implantation locale dans les régions, les départements, les communes, reste significative. La position de force du pouvoir macronien et de LREM est fragile. Elle tient à une étrange sublimation médiatique à la radio et à la télévision, à une conjoncture économique internationale favorable, au relatif succès d’un discours autour de « la transformation du pays », qui de fait, relève en grande partie de la mystification. Malgré ce contexte avantageux, les sondages sont en réalité très mitigés pour le pouvoir en place. Bref, les dirigeants actuels sont eux aussi dans une situation de fragilité. Ils misent sur une image providentielle, ultra médiatisée, au risque d’un basculement et d’un rejet viscéral qui peut se produire à tout moment avec l’usure du pouvoir, la lassitude, l’absence de résultats. La question est de savoir si les LR seront alors présents pour offrir une solution d’alternance crédible aux Français. Il serait absolument suicidaire pour LR de vouloir imiter le succès de M. Macron en cherchant une idole à lui opposer. Les Français, écoeurés par le système du « sauveur providentiel », n’y croiront plus. En outre, les médias ne laisseront pas faire et se déchaîneront une fois de plus contre toute tête susceptible d’émerger du lot. LR doit jouer sur une toute autre carte: non à la guerre des chefs, non à la fuite dans le narcissisme, mais oui à la relance du débat d’idées. LR doit opposer au culte de la personnalité une culture de l’intérêt général, de la vérité, et du bien commun. Pourquoi ne pas réunir ses parlementaires, ses élus régionaux, départementaux et des grandes communes, ses intellectuels, pour mettre en place un parlement de l’alternance? Bref, jouer la République contre l’idolâtrie. Les Français attendent un message de rassemblement et d’unité… Le temps des candidatures viendra, mais avant, il faut reconstruire les fondements de la maison et une crédibilité au service de la France.

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Author: Redaction

Avenir de l’opposition républicaine (et de la France)

Voici mes réponses, données à l’occasion d’un entretien croisé avec M. Bruno Jeudy, pour le site Atlantico, concernant l’avenir de l’opposition républicaine – et de la France. Il me semble qu’une course contre la montre s’engage en ce moment. Je doute fort des chances d’un remake de 2017 en 2022. Le modèle du pouvoir en place est extrêmement fragile et précaire. Le pari sur l’image médiatique sublimée, déconnectée de toute base solide dans le pays (élus locaux, parti, France profonde) conduit probablement, en cinq ans, à l’impopularité, à l’usure et au rejet viscéral. Pire: rien ne permet de penser que les grands problèmes du pays (écrasement fiscal, dette publique, communautarisme, immigration illégale, violence, déclin scolaire, pauvreté, chômage de masse) seraient en voie de règlement ou d’amélioration. Il est donc impératif que l’opposition républicaine parvienne à s’organiser en rejetant toute tentation narcissique – qui la conduirait à son tour à l’abîme –  et en se fondant sur le débat d’idées et l’intérêt général du pays. Rien ne serait plus insupportable de bêtise que de vouloir se donner aujourd’hui un candidat à la présidence de la République, qui sera exposé à la vindicte médiatique, à un désastre inévitable, alors que l’expérience montre que la victoire à l’ élection présidentielle se dessine toujours au dernier moment. Et si l’opposition républicaine ne parvient pas à se mettre au travail, et à en donner le sentiment, empêtrée dans ses haines intestines et ivresses de soi, nous aurons en 2022 l’aventure, le chaos, le déchirement et la destruction du pays. La responsabilité qui pèse sur les épaules de l’opposition républicaine, dès aujourd’hui, est colossale.

Maxime TANDONNET

Le parti de Laurent Wauquiez est depuis plusieurs mois dans une situation délicate. Divergences internes, manque de leadership, sondages catastrophiques (Laurent Wauquiez est à 8% dans un sondage Ifop du 18 avril). Quelles conséquences entraîne ce « décrochage » en interne ? Comment un parti comme LR peut-il affronter cette déroute ?

Les causes de cette situation difficile sont multiples. D’abord, elle tiennent au retrait d’une génération de personnalités politique de LR qui n’a pas été remplacée: Nicolas Sarkozy, François Fillon, Alain Juppé… Le vide se fait cruellement sentir. Ensuite, LR subit la conséquence de la recomposition politique. Le président Macron et LREM occupent une place centrale sur l’échiquier politique, à l’image des radicaux-socialistes de jadis, qui séduit la moitié des sympathisants du parti socialiste et la moitié de ceux des Républicains. L’espace de l’équipe dirigeante LR est donc fortement retréci. Entre LREM et le FN, la marge est étroite. Enfin, le plus grave et le plus déterminant tient à l’antipathie des médias envers Laurent Wauquiez. Après une prestation réussie à l’Emission politique en début d’année, le chef des LR a été éreinté, lapidé à la suite de l’enregistrement clandestin de son cours à l’école de commerce de Lyon et de propos tenus en privé. L’occasion était trop belle et nous avons assisté à un lynchage médiatique en bonne et due forme…Passage à tabac, puis effondrement dans les sondages: son compte était bon… Ce décrochage prive LR d’une dynamique interne. Une équipe interne a été désignée pour préparer le « projet », mais pour l’instant, le mouvement est inaudible. Nous ne ressentons aucun effet collectif de mobilisation ou rassemblement autour du leader. Les dirigeants de LR semblent dans l’attentisme et le scepticisme. Le mouvement est pour l’instant privé d’unité, de volonté, d’espérance, « d’envie », comme disait Sarkozy. Oui, il ne faut pas se voiler la face, l’équation politique est extrêmement compliquée.

Quelles sont les répercussions possibles à court terme et à plus long terme sur la vie de ce parti? Notamment dans la perspective des élections municipales, puis européennes ?

LR a des atouts importants en profondeur. Les valeurs du camp des républicains, que LR devrait porter, relatives à l’autorité de l’Etat, la maîtrise de l’immigration, la réduction des impôts et de la dette publique, le renouveau de l’école, la lutte contre le communautarisme, sont largement majoritaires dans le pays. Son implantation locale dans les régions, les départements, les communes, reste significative. La position de force du pouvoir macronien et de LREM est fragile. Elle tient à une étrange sublimation médiatique à la radio et à la télévision, à une conjoncture économique internationale favorable, au relatif succès d’un discours autour de « la transformation du pays », qui de fait, relève en grande partie de la mystification. Malgré ce contexte avantageux, les sondages sont en réalité très mitigés pour le pouvoir en place. Bref, les dirigeants actuels sont eux aussi dans une situation de fragilité. Ils misent sur une image providentielle, ultra médiatisée, au risque d’un basculement et d’un rejet viscéral qui peut se produire à tout moment avec l’usure du pouvoir, la lassitude, l’absence de résultats. La question est de savoir si les LR seront alors présents pour offrir une solution d’alternance crédible aux Français. Il serait absolument suicidaire pour LR de vouloir imiter le succès de M. Macron en cherchant une idole à lui opposer. Les Français, écoeurés par le système du « sauveur providentiel », n’y croiront plus. En outre, les médias ne laisseront pas faire et se déchaîneront une fois de plus contre toute tête susceptible d’émerger du lot. LR doit jouer sur une toute autre carte: non à la guerre des chefs, non à la fuite dans le narcissisme, mais oui à la relance du débat d’idées. LR doit opposer au culte de la personnalité une culture de l’intérêt général, de la vérité, et du bien commun. Pourquoi ne pas réunir ses parlementaires, ses élus régionaux, départementaux et des grandes communes, ses intellectuels, pour mettre en place un parlement de l’alternance? Bref, jouer la République contre l’idolâtrie. Les Français attendent un message de rassemblement et d’unité… Le temps des candidatures viendra, mais avant, il faut reconstruire les fondements de la maison et une crédibilité au service de la France.

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