Ainsi parlait Zarathoustra

Alors, l’Autre reprit sans voix: « Ô Zarathoustra, qui a des montagnes à déplacer, déplace aussi des vallées et des bas-fonds. »

Et je répondis: « Ma parole n’a pas encore déplacé de montagnes et ce que je dis n’a pas atteint les hommes. Il est vrai que je suis allé chez les hommes, mais je ne les ai pas encore atteints. »

Alors l’Autre reprit sans voix: « Qu’en sais-tu? La rosée tombe sur l’herbe au moment le plus silencieux de la nuit. »

Et je répondis: « Ils se sont moqués de moi, lorsque j’ai découvert et suivi ma propre voie; et en vérité, mes pieds tremblaient alors. »  Et ils m’ont dit ceci: « Tu ne sais plus le chemin et tu ne sais même plus marcher. »

Alors l’Autre reprit sans voix: « Qu’importe leurs moqueries! Tu es quelqu’un qui as désappris d’obéir: maintenant, tu dois commander! Ne sais-tu pas quel est celui dont tous ont le plus besoin? Celui qui ordonne de grandes choses? Et voici ta faute impardonnable: tu as la puissance et tu ne veux pas régner! »

Et je répondis: « Il me manque la voix du lion pour commander ».

Alors l’Autre me dit encore, comme dans un murmure: « Ce sont les paroles les plus silencieuses qui apportent la tempête. » 

[Ainsi parlait Zarathoustra II]

 

 


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Author: Redaction